« Peu importe la fibre que vous choisissez, le principal c’est d’en avoir », conclut cette équipe de nutritionnistes de la Duke University : les scientifiques nous expliquent, ici dans la revue Microbiome, que l’intestin humain a évolué pour prospérer grâce aux fibres fermentescibles, et non pour consommer des cheeseburgers au bacon. Si les bénéfices des fibres sont déjà bien documentés, l’étude confirme ces avantages, des avantages plus flagrants encore, chez les personnes qui, habituellement, n’en consomment pas suffisamment.
Ainsi, au sein de la large gamme de suppléments de fibres alimentaires, tous avec leurs allégations de santé, il est parfois difficile de s’y retrouver. Cet examen rigoureux des microbiotes de personnes ayant consommé plusieurs types de suppléments à des doses et sur des durées différentes conclut que les personnes qui ne consomment pas suffisamment de fibres bénéficient le plus de la supplémentation, quel que soit le supplément ou « la fibre ».
Inuline, dextrine ou galacto-oligosaccharides ?
L’étude a testé ces 3 types de suppléments de fibres fermentescibles : l’inuline, la dextrine et les galacto-oligosaccharides, chez 28 participants ayant reçu tour à tour, chacun des 3 suppléments pendant 1 semaine, dans des ordres différents, avec une semaine d’interruption entre chaque période d’intervention. Cette expérience révèle que :
- une consommation régulière et habituelle plus importante de fibres est associée aux changements les plus modestes du microbiome ;
- le type de supplément consommé « n’a pas vraiment d’importance » ;
- un apport habituel très faible en fibres est associé, avec la supplémentation, à la plus grande augmentation de butyrate, quel que soit le supplément consommé ;
- les microbes intestinaux réagissent à un nouvel ajout de fibres en une journée. Le changement de communautés bactériennes de l’intestin se produit ainsi extrêmement rapidement, suggérant un bénéfice presque immédiat de la supplémentation ;
- enfin, les microbes intestinaux semblent « mis en condition » par la première dose et digèrent ensuite beaucoup plus rapidement les fibres, dès la deuxième dose.
Les fibres nourrissent les « bonnes bactéries » : l’auteur principal, le Dr Lawrence David, professeur agrégé de génétique moléculaire et de microbiologie à l’Université Duke rappelle que les fibres fermentescibles – des glucides alimentaires que l’intestin humain ne peut pas traiter par lui-même mais que certaines bactéries peuvent digérer – sont une source essentielle de nutriments pour nos bonnes bactéries. Ces fibres sont donc nécessaires à nos microbiomes, pourtant, « nous avons cessé de nourrir nos microbes avec ce dont ils ont besoin ».
Les fibres font du butyrate : exposées à un régime riche en fibres, les bactéries de l’intestin produisent davantage d’acides gras à chaîne courte, des acides gras qui protègent contre les maladies inflammatoires chroniques de l’intestin (MICI), contre le cancer colorectal et même de l’obésité. En particulier, l’acide gras butyrate, est un carburant essentiel pour les cellules intestinales : il a ainsi été démontré que le butyrate améliore la résistance de l’intestin aux agents pathogènes, réduit l’inflammation et favorise des cellules plus saines sur les muqueuses intestinales.
Différentes fibres fermentescibles ont des effets différents, oui mais …Si les différentes fibres exercent des effets différents sur la production d’acides gras à chaîne courte chez différents individus, au global, l’analyse n’identifie que très peu de différence d’effets entre les suppléments de fibres testés.
« Au contraire, ces suppléments semblent interchangeables,
quel que soit le supplément de fibres choisi, il semble que le microbiome bénéficie de plus de butyrate ».
Un apport en fibres très insuffisant avec les régimes occidentaux : un adulte qui suit un régime occidental ne consomme que 20 à 40 % de la quantité quotidienne recommandée de fibres, ce qui pourrait contribuer à expliquer « l’explosion » de la prévalence d’un certain nombre de maladies courantes, dont l’obésité, la maladie cardiovasculaire, les troubles digestifs et le cancer du côlon. Sauf à opter pour une alimentation beaucoup plus riche en fruits, légumes, légumineuses et grains entiers, les suppléments de fibres peuvent permettre de compenser.
D’ailleurs, soulignent les chercheurs, « les participants qui consommaient déjà beaucoup de fibres, avec des apports élevés de végétaux, dont les haricots, les légumes-feuilles et les agrumes, avaient déjà des microbiomes très sains ».
Source: Microbiome 29 July, 2022 DOI: 10.1186/s40168-022-01307-x Microbiota Responses to Different Prebiotics Are Conserved Within Individuals and Associated with Habitual Fiber Intake
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