Cet essai de phase II, mené par une équipe de Université d’Oxford, démontre l’efficacité d’un biomédicament anti-TNF, l’adalimumab, chez les patients atteints de la maladie de Dupuytren à stade précoce. Ces données, publiées dans le Lancet Rheumatology, confirment l’efficacité de l’anti-TNF par injection dans les nodules, à réduire à la fois leur taille et leur dureté, avec pour effet un vrai soulagement pour les patients.
La maladie de Dupuytren est une maladie héréditaire dont l’incidence n’est pas négligeable – comprise entre 3,5 % et 5 % caractérisée par la formation d’un nodule dans la paume qui entraîne une flexion des doigts pouvant conduire à « une main en griffe ». Son traitement repose sur l’injection de corticoïdes dans le nodule et, dans les cas plus avancés, sur une intervention chirurgicale visant à corriger les doigts contractés. Si la condition est bénigne et généralement indolore, elle peut être très handicapante au quotidien. Il n’existe actuellement aucun traitement pour la maladie précoce et les patients attendent généralement, faute d’option thérapeutique, que l’état se détériore avant de subir une intervention chirurgicale.
2 essais : les chercheurs du Kennedy Institute de l’Université d’Oxford, dirigés par le professeur Jagdeep Nanchahal mènent cet essai de phase IIb sur l’efficacité de l’adalimumab chez 140 patients atteints de la maladie de Dupuytren à un stade précoce. Les participants ont été répartis pour recevoir 4 injections à 3 mois d’intervalle d’adalimumab (40 mg d’adalimumab dans 0,4 ml) ou de solution saline. Le critère principal était la dureté des nodules mesurée à 12 mois, et les patients ont été suivis sur une durée totale de 18 mois. L’analyse révèle que :
- les patients ayant reçu l’adalimumab ont bénéficié d’un
ramollissement et d’une réduction de la taille du nodule traité ;
- bien que l’adalimumab n’ait qu’une demi-vie d’environ 2 ou 3 semaines, les effets se sont révélés durables, sur environ 9 mois après la dernière injection, indiquant un effet thérapeutique soutenu.
L’essai de phase IIb a été suivi d’un essai de dosage de phase IIa qui a montré que la formulation hautement concentrée injectée directement dans les tissus malades était efficace pour réguler négativement les myofibroblastes responsables de la fibrose, ajoute l’auteur principal : « Nous avons pu également constater la sécurité du traitement et l’absence totale d’événement indésirable grave ».
Ce médicament pourrait changer la donne pour les patients qui souffrent de cette maladie invalidante, mais facile à détecter à un stade précoce : ainsi, en débutant les injections d’anti-TNF suffisamment tôt, il serait possible d’apporter un grand soulagement aux patients, voire d’empêcher la maladie de progresser jusqu’au stade où la chirurgie devient nécessaire.
Source: The Lancet Rheumatology 29, April 2022 DOI: 10.1016/S2665-9913(22)00093-5 Anti-tumour necrosis factor therapy for early-stage Dupuytren’s disease (RIDD): a phase 2b, randomised, double-blind, placebo-controlled trial
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