L’insuffisance rénale chronique touche plus de 9 % de la population mondiale soit une prévalence de près de 700 millions de cas. Cette équipe révèle que l’aldostérone, une hormone stéroïde sécrétée par les glandes surrénales est liée à un risque accru de progression de l’insuffisance rénale chronique et d’insuffisance rénale terminale. Ces travaux, publiés dans l’European Heart Journal, suggèrent qu’un médicament existant qui cible l’action de l’aldostérone, pourrait contribuer à prévenir l’aggravation de l’insuffisance rénale chronique.
L’aldostérone, sécrétée par les glandes surrénales situées au-dessus des reins, régule le sel et l’eau dans le corps et joue un rôle central dans le contrôle de la pression artérielle. On sait qu’une trop grande quantité d’aldostérone peut entraîner une hypertension artérielle, des maladies cardiovasculaires et rénales.
L’équipe de la Boston University confirme ainsi que l’aldostérone joue un rôle dans certains troubles cardiaques et vasculaires. Enfin, le risque d’aggravation de l’insuffisance rénale et de son évolution vers une insuffisance terminale apparaît indépendant du fait que les patients souffrent ou non de diabète. L’auteur principal de l’étude, le Dr Ashish Verma, professeur à l’Université de Boston rappelle de récents essais contrôlés randomisés ayant montré que la finerénone, utilisée pour traiter l’insuffisance cardiaque est efficace également dans le traitement de la néphropathie diabétique et peut retarder la progression de l’insuffisance rénale chronique.
Cependant, le rôle de l’aldostérone dans l’insuffisance rénale n’a jamais été directement étudié
L’action bénéfique possible de la finérénone
Le médicament cible un récepteur, les récepteurs des minéralocorticoïdes, qui activés par l’aldostérone, favorisent une hypertension artérielle, les maladies cardiovasculaires et rénales. Alors que les niveaux excessifs d’aldostérone sont très courants, mais généralement non diagnostiqués, la finerénone apparaît efficace à réduire ses concentrations élevées et donc la progression de l’insuffisance rénale.
L’étude : l’équipe valide ici cette hypothèse en évaluant l’association entre les concentrations d’aldostérone dans le sang et la progression de la maladie rénale chez 3.680 patients âgés de 21 à 74 ans, participant à l’étude Chronic Renal Insufficiency Cohort, menée entre 2003 et 2008 et suivis sur une moyenne de 10 ans. La progression de l’insuffisance rénale chronique définie comme une diminution de 50 % de la capacité des reins à filtrer le sang à travers les vaisseaux sanguins (débit de filtration glomérulaire estimé- DFGe). Au cours de cette période, l’insuffisance rénale a progressé chez 1.412 soit 38 % des participants. L’analyse révèle que :
- des concentrations plus élevées d’aldostérone sont bien associées à un eGFR plus faible, à des niveaux de potassium plus faibles dans le sang et à des concentrations plus élevées de potassium et de protéines dans l’urine ;
- après ajustement des facteurs de confusion possibles, tels que les médicaments, d’autres conditions médicales, l’âge, l’origine ethnique, la taille et le poids, chaque doublement des concentrations d’aldostérone dans le sang s’avère lié à un risque accru de 11 % de progression de l’insuffisance rénale ;
- les patients dont les concentrations se situent dans les 25 % supérieurs présentent un risque accru de 45 % d’insuffisance rénale chronique vs les 25 % de patients présentant les concentrations d’aldostérone les plus faibles ;
- ces niveaux de risque sont similaires, que les patients soient également diabétiques ou non ; ce qui suggère que les niveaux d’aldostérone constituent un facteur de risque indépendant d’insuffisance rénale chronique.
C’est la conclusion des auteurs qui fournissent ici et également pour la première fois des preuves du mécanisme par lequel les antagonistes des récepteurs minéralocorticoïdes peuvent retarder la progression de l’insuffisance rénale -y compris chez les patients non diabétiques. L’Agence américaine Food and Drug Administration (FDA) a approuvé l’utilisation de la finerénone pour les patients atteints d’insuffisance rénale chronique et de diabète. Un essai clinique contrôlé randomisé est en cours pour valider l’efficacité et l’innocuité de la finerénone chez les patients insuffisants rénaux non diabétiques.
Enfin, l’étude suggère que les niveaux d’aldostérone devraient être évalués chez tous les patients à risque et/ou en présence d’une maladie cardiorénale, en particulier s’ils souffrent d’obésité centrale et/ou d’hypertension résistante.
Source: European Heart Journal 8 Aug, 2022 DOI: 10.1093/eurheartj/ehac352 Aldosterone in chronic kidney disease and renal outcomes
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