160 millions de femmes dans le monde ont des besoins de contraception non satisfaits. C’est la conclusion de cette grande étude, publiée dans le Lancet et qui révèle de grandes différences dans les types de contraceptifs utilisés selon les régions du monde et les groupes d’âge. De nouvelles données primordiales en Santé de la Femme, et qui posent les conditions de son autonomisation sociale et économique plus tard dans la vie.
Parmi les principales conclusions, plus de 160 millions de femmes et d’adolescentes qui souhaitaient éviter une grossesse n’utilisaient pas de contraceptifs en 2019, notamment en raison d’un manque d’accès à la contraception, et en dépit des progrès significatifs de la contraception, dans le monde, au cours de ces 50 dernières années.
Des inégalités flagrantes dans l’accès à la contraception
- Ainsi, plus de la moitié des femmes ce besoin non satisfait ou ce manque d’accès à la contraception vivent en Afrique subsaharienne et en Asie du Sud ;
- les jeunes femmes ont les niveaux les plus élevés de besoins non satisfaits, bien qu’elles soient le groupe pour lequel les avantages économiques et sociaux de l’accès à la contraception sont, en général, les plus importants ;
- de grandes différences entre les régions sont identifiées dans les types de contraceptifs utilisés, l’utilisation des méthodes contraceptives permanentes (implants notamment) étant plus élevée dans les régions les plus défavorisées ;
finalement, seule une minorité de femmes peuvent choisir leur contraception,
relèvent les auteurs, la prise en compte des préférences contraceptives et la diversification des options pour répondre aux besoins besoins non satisfaits restant des objectifs clés de l’élargissement de l’accès à la contraception.
L’étude qui s’appuie sur les données de la fameuse cohorte Global Burden of Disease, rappelle aussi, données d’association à l’appui, que la contraception est liée à l’autonomisation sociale et économique des femmes et à de meilleurs résultats en matière de santé publique. Cet accès à la contraception fait bien partie des objectifs de développement durable (ODD). L’utilisation de la contraception est également associée à des réductions de la mortalité maternelle et néonatale en prévenant les grossesses non désirées. En permettant aux femmes de planifier leurs naissances, la contraception permet aux adolescentes et aux femmes de poursuivre leurs études et de travailler, ce qui permet cette autonomisation sociale et économique plus tard dans la vie.
Quels groupes d’âge ont les plus grands besoins non satisfaits ? L’étude révèle que :
- les méthodes permanentes, telles que la stérilisation féminine, sont plus susceptibles d’être utilisées par les femmes âgées, tandis que les jeunes femmes et les adolescentes ont tendance à utiliser des méthodes à plus courte durée d’action, comme les pilules contraceptives orales ou les préservatifs ;
- les femmes et les adolescentes des tranches d’âge 15-19 et 20-24 ont les taux de demandes satisfaites les plus faibles au niveau mondial, estimés à 65 % et 72 %, respectivement ;
- les personnes âgées de 15 à 24 ans représentent 16 % des besoins totaux, mais 27 % des besoins non satisfaits, ce qui signifie que 43 millions de jeunes femmes et d’adolescentes dans le monde n’ont toujours pas accès aux contraceptifs dont elles ont besoin.
Quelles régions ont accès ou pas accès ?
- L’Asie du Sud-Est, l’Asie de l’Est et l’Océanie présentent les taux d’utilisation les plus élevés d’utilisation de contraceptifs modernes (65 %) et de demande satisfaite (90 %) ;
- l’Afrique sub-saharienne le taux le plus faible d’utilisation de contraceptifs modernes (24%) et de demande satisfaite (52%) ;
- ainsi, les niveaux d’utilisation de contraceptifs modernes vont de 2 % au Soudan du Sud à 88 % en Norvège ;
- les besoins non satisfaits atteignent 35 % au Soudan.
Des lacunes considérables subsistent donc dans l’utilisation des contraceptifs en dépit des progrès accomplis : si depuis les années 70, le monde a connu une augmentation importante de l’utilisation et de l’accès à la contraception, avec un passage de l’utilisation de méthodes traditionnelles moins efficaces à l’utilisation de contraceptifs modernes plus efficaces, dont les pilules contraceptives orales, le stérilets ou dispositifs intra-utérins, la stérilisation masculine et féminine, des difficultés subsistent dans l’accès à la contraception. L’analyse révèle que, dans le monde,
- la part des femmes en âge de procréer utilisant la contraception moderne est passée de 28 % en 1970 à 48 % en 2019 ;
- la demande satisfaite est passée de 55 % en 1970 à 79 % en 2019 ;
- cependant précisément 163 millions de femmes ont toujours un besoin de contraception non satisfait en 2019 sur le 1,2 milliard de femmes ayant besoin d’une contraception.
Le Dr Annie Haakenstad, co-auteur du rapport, chercheur à l’Institute for Health Metrics and Evaluation (IHME) de l’Université de Washington commente ces données : « Bien que nous observions des progrès considérables dans la disponibilité des contraceptifs depuis les années 70, il reste encore un long chemin à parcourir pour s’assurer que chaque femme et adolescente puisse avoir accès à la contraception de son choix.
C’est bien une condition de l’autonomisation économique et sociale des femmes ».
Source: The Lancet 21 July, 2022 DOI: 10.1016/S0140-6736(22)00936-9/fulltext Measuring contraceptive method mix, prevalence, and demand satisfied by age and marital status in 204 countries and territories, 1970–2019: a systematic analysis for the Global Burden of Disease Study 2019
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