Ces scientifiques de l’Université Rutgers résolvent un mystère de longue date : pourquoi certains patients asthmatiques répondent-ils mal au traitement ? L’étude, publiée dans la revue Science Translational Medicine suggère que l’identification des facteurs de croissance produits chez les patients souffrant d'asthme sévère pourrait non seulement prédire cette réponse au traitement, mais également conduire à de nouvelles thérapies.
La prévalence de l’asthme sévère est estimée entre 5 et 10 % en population générale. Le gonflement et l'irritation extrêmes des voies respiratoires peuvent contribuer à expliquer pourquoi les corticostéroïdes utilisés pour réduire l’inflammation ne fonctionnent pas toujours très bien chez les patients souffrant d'asthme sévère et pourquoi ces patients continuent à éprouver des crises fréquentes. Cependant, les processus en cause dans cette absence de réponse restent mal compris.
2 facteurs de croissance s’opposent à l’action des corticoïdes
Les chercheurs du New Jersey se sont penchés sur ce débat de longue date, portant sur les raisons de mauvaises réponses au traitement de l'asthme chez certains patients, en particulier chez ceux qui souffrent des formes les plus sévères de la maladie. La recherche révèle que les patients atteints de la forme la plus sévère, produisent des substances spécifiques, dans leurs voies respiratoires, qui lorsqu'ils prennent des médicaments au cours d'une crise d'asthme, empêchent le traitement de fonctionner.
2 facteurs de croissance, des substances naturelles qui stimulent la prolifération cellulaire sont identifiés, qui s'activent dans les voies respiratoires des patients asthmatiques sévères lorsqu'ils inhalent des corticostéroïdes. Chez ces patients, les stéroïdes inhalés favorisent la sécrétion de ces facteurs de croissance, le facteur de croissance des fibroblastes (FGF) et le facteur de croissance des colonies granulocytaires (G-CSF), en particulier dans les cellules épithéliales de la muqueuse des voies respiratoires. C’est en comparant des échantillons de cellules épithéliales des voies respiratoires bronchiques, prélevées chez des patients souffrant d'asthme sévère, chez des patients souffrant d'asthme modéré et chez des témoins en bonne santé, exposées à des corticostéroïdes inhalés, que les chercheurs ont pu constater que ces facteurs de croissance, FGF et G-CSF, n'étaient exprimés que dans les cellules des patients souffrant d'asthme sévère.
Des facteurs de croissance clés pour réguler toute une série de processus cellulaires : dans le cas d'une crise d'asthme chez les patients souffrant d'asthme sévère, les facteurs de croissance identifiés dans les cellules qui tapissent les principales voies respiratoires agissent directement contre l'action des corticoïdes. L'étude suggère ainsi que différentes voies cellulaires sont à l'œuvre dans les cellules des patients souffrant d'asthme sévère, en particulier celles impliquées dans l'inflammation.
« Nous pensons que cette réponse explique pourquoi les patients souffrant d'asthme sévère ne répondent pas à à la thérapie standard », conclut l'auteur principal, le Dr Reynold Panettieri Jr., professeur de médecine à la Rutgers Robert Wood Johnson Medical School.
Un nouveau médicament qui pourrait mieux fonctionner ? Une autre étude, menée sur la souris, confirme qu’en bloquant la cascade moléculaire qui déclenche finalement la sécrétion des facteurs de croissance, les corticoïdes inversent à nouveau efficacement l'inflammation des voies respiratoires et empêchent même la formation de fibrose.
C’est donc la découverte du mécanisme explicatif de l’absence, chez certains patients asthmatiques, de réponse aux corticoïdes, mais aussi la découverte du mécanisme inverse qui peut rétablir l’efficacité du traitement.
Une étape, donc, vers de nouvelles approches de traitement visant à restaurer la sensibilité aux stéroïdes et donc à améliorer les résultats et la qualité de vie de ces patients.
Source: Science Translational Medicine April, 2022 DOI: 10.1126/scitranslmed.abl8146 Steroid-induced fibroblast growth factors drive an epithelial-mesenchymal inflammatory axis in severe asthma
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