Cette équipe d’infectiologues de l’Université de Californie Riverside offre un nouvel espoir de développement de nouvelles stratégies thérapeutiques antipaludiques : en identifiant 2 protéines essentielles à la survie du parasite, Plasmodium falciparum, ces travaux, publiées dans la revue Nature Communications, suggère que ces protéines, RAP01 et RAP21, sont des cibles prometteuses pour de nouveaux antiparasitaires.
Le paludisme, une maladie transmise par les moustiques, tue toujours plus de 600.000 personnes chaque année dans le monde. Le parasite du paludisme reste la cible majeure de la lutte antipaludique ou du moins pour le contrôle de la propagation de cette maladie mortelle. La découverte, aujourd'hui, de ces protéines intimement liées aux mitochondries du parasite, suggère qu’en les éliminant, on pourrait aussi, éliminer le parasite. L’auteur principal, Karine Le Roch, professeur de biologie moléculaire et cellulaire, explique ainsi : « en décryptant la fonction de cette paire de protéines, nous allons pouvoir développer de nouvelles stratégies contre ce fléau mortel ».
Éteindre les mitochondries du parasite
La famille RAP, des protéines clés pour les parasites apicomplexes : les parasites apicomplexes sont caractérisés par un système de locomotion unique qui leur permet de pénétrer plus facilement dans les cellules hôtes. Cette entrée dans la cellule est même une condition de leur survie. Autre particularité, les parasites apicomplexes ont de nombreux ARN ribosomiques fragmentés dans leurs mitochondries. Les mitochondries humaines, en revanche, ont de longs ARN ribosomiques non fragmentés. Les protéines RAP01 et RAP21 qui jouent un rôle clé dans le rapprochement des ARN ribosomiques fragmentés des mitochondries sont donc intimement liées aux mitochondries de P. falciparum, les centrales électriques des cellules. Sans ces protéines, les mitochondries ne peuvent pas assurer la fonction du parasite et celui-ci meurt.
Les 2 protéines RAP01 et RAP21 suivent le cycle de reproduction du parasite : les 2 protéines sont en effet ici détectées et exprimées à des niveaux plus élevés à chaque étape du cycle de vie du parasite, montre l’équipe, à l’aide de l’outil d'édition du génome CRISPR-Cas9 et s’avèrent finalement essentielles à la survie du parasite.
Vers des inhibiteurs de RAP01 et RAP21 ? Ces 2 protéines RAP jouent un rôle déterminant dans le rapprochement de tous les ARN ribosomiques fragmentés, des ARN essentiels à la traduction des protéines dans les mitochondries. Si des médicaments pouvaient être développés pour éliminer RAP01 et RAP21, tout le processus serait interrompu, entraînant la mort du parasite. De plus, soulignent les scientifiques, il est peu probable que ces médicaments affectent les mitochondries humaines, qui diffèrent considérablement des mitochondries des parasites apicomplexes.
Source: Nature Communications 11 March, 2022 DOI: 10.1038/s41467-022-28981-7 Functional genomics of RAP proteins and their role in mitoribosome regulation in Plasmodium falciparum.
Plus sur le Paludisme
Laisser un commentaire