Cette étude de l’Institut Karolinska est l'une des premières à identifier un variant génétique protecteur contre COVID-19, une variante spécifique qui protège précisément contre une forme sévère de COVID-19. C’est l’étude génétique de personnes d'ascendances différentes qui a permis d’identifier ce variant, une découverte qualifiée « d’exploit » qui, souligne l'importance de mener des essais cliniques incluant des participants d'origines ethniques diverses. Ces données, tout à fait nouvelles, publiées dans la revue Nature Genetics, désignent… un segment d'ADN, d'ascendance africaine, qui code pour une protéine du système immunitaire.
Il est connu, qu’au-delà du vieillissement et de certaines maladies liées à l’âge, la génétique peut déterminer notre vulnérabilité à de nombreuses autres pathologies. Ce principe est également vrai pour la maladie COVID-19. En clair, certaines données génétiques peuvent peser sur la gravité ou la légèreté de la maladie COVID après exposition au coronavirus. De précédentes études menées principalement auprès de participants d'ascendance européenne et citées par les auteurs, ont ainsi révélé que les individus porteurs d'un segment d'ADN spécifique, ont un risque réduit de 20 % de développer une infection critique au COVID-19.
Cependant, à ce jour, si la pandémie de COVID-19 a suscité une collaboration considérable entre les chercheurs de différentes parties du monde, ce qui a permis d'étudier les facteurs de risque génétiques chez une plus grande diversité d'individus, la plus grande partie des recherches cliniques ont été effectuées auprès de participants d'origine européenne.
Le segment d'ADN ici identifié code pour une protéine du système immunitaire,
il est hérité des Néandertaliens et reste présent chez environ la moitié de toutes les personnes vivant en dehors de l'Afrique.
Cette région de l'ADN regorge de nombreuses variantes génétiques, ce qui rend difficile de démêler la variante protectrice exacte qui promet déjà d’être une cible précieuse pour un nouveau traitement contre le COVID sévère.
Pour identifier cette variante génétique spécifique, les chercheurs ont recherché des porteurs de ce segment d'ADN en se concentrant sur les individus d'ascendance africaine et européenne. L'analyse a ainsi été menée auprès de 2.787 patients hospitalisés COVID-19 d'ascendance africaine et 130.997 participants témoins de 6 études de cohorte. 80 % des participants d'ascendance africaine étaient porteurs de la variante protectrice.
« Cette variante unique de l'ADN protège réellement de l'infection au COVID-19 », explique Jennifer Huffman, auteur principal de l'étude et chercheuse au VA Boston Healthcare System.
La variante protectrice (rs10774671-G) détermine la longueur de la protéine codée par le gène OAS1 et code ainsi pour une protéine plus efficace à décomposer le virus SRAS-CoV-2, responsable de la maladie COVID-19.
Identifier et comprendre les facteurs de risque ou de protection génétiques est essentiel pour développer de nouveaux médicaments contre le COVID-19, explique Brent Richards, chercheur à l'Institut Lady Davis du Jewish General Hospital et professeur à l’Université McGill (Canada).
Le COVID-19 est un exemple type de maladie dont l’étude nécessite l’inclusion de participants d'ascendances différentes. « Dans ce cas, c’est ce qui a permis d’identifier la variante du gène protectrice », conclut l'auteur correspondant, le Dr Hugo Zeberg, professeur de neurosciences au Karolinska Institutet.
Source: Nature Genetics January 13, 2022 DOI: 10.1038/s41588-021-00996-8 Multi-ancestry fine mapping implicates OAS1 splicing in risk of severe COVID-19
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