Cette équipe de cliniciens de l’Université du Michigan apporte un nouveau regard sur la grossesse et la maternité en période pandémique : si la pandémie a considérablement modifié les protocoles de soins obstétriques et néonatals, cette étude relève que si les futures mères ont éprouvé des niveaux beaucoup plus élevés de stress et d’anxiété durant leur grossesse durant la pandémie, elles ont également apprécié le plus de tranquillité et d’intimité après l’accouchement, avec pour effet des niveaux de fatigue diminués. Cette photographie objective, présentée dans le Maternal and Child Health Journal, suggère d’exploiter ces acquis inattendus de l’expérience.
L’étude, menée par Clayton Shuman, professeur à l’UM School of Nursing fait partie d’un programme plus large, M.A.M.A.S. (Maternal Attachment, Mood, Ability and Support), a recueilli des données sur la santé mentale maternelle et l’allaitement pendant la pandémie de COVID-19. L’étude a donc suivi des femmes enceintes qui ont accouché au cours des 6 premiers mois de la pandémie de COVID-19. Les auteurs se sont attachés à documenter les expériences vécues par ces femmes durant leur grossesse et la période post-partum.
5 caractéristiques de la période périnatale au cours de la pandémie
5 thèmes émergent :
- une détresse émotionnelle accrue ;
- une expérience plus difficile ou plus défavorable de l’allaitement ;
- des modifications des protocoles hospitaliers impactant le vécu de de l’accouchement ;
- des regrets liés à des attentes différentes de la réalité ;
- mais des avantages inattendus, aussi, de la pandémie.
Ainsi, en pratique, de nombreuses patientes se sont vu refuser les protocoles d’adaptation et de soutien précédant le travail notamment et les mesures de distanciation sociale et de contrôle des infections ont contribué à accroître la culpabilité, l’isolement et la dépression chez les jeunes mères. Les interventions de soutien à l’allaitement ont été fortement réduites ou supprimées, ce qui a également favorisé le stress et la diminution de la production de lait chez certaines femmes. Si les chercheurs s’attendaient bien à une certaine augmentation de la détresse émotionnelle, ils sont frappés par les niveaux de culpabilité extrêmes des mères :
« Les mamans ont déclaré qu’elles avaient l’impression que quoiqu’elles fassent, c’était toujours mal ».
On aurait pu penser que plus de temps passé à la maison et moins de temps à l’hôpital, conduiraient à un meilleur allaitement, mais ce n’est pas le cas, précisent les médecins : En raison de la pandémie, de nombreuses ressources n’ont pas été proposées. Enfin, les consultations de soutient à l’allaitement par visioconférence sont plutôt mal vécues.
Certains plans d’accouchement ont même été modifiés et la restriction des visites a été décrite par certains couple comme « déchirante ».
Les avantages d’un temps de calme inattendu
C’est aussi l’originalité et l’objectivité de cette étude qui décrit également des avantages inattendus associés aux mesures pandémiques. Parmi ces avantages, le calme et l’intimité après l’accouchement en raison de la diminution du nombre de visiteurs immédiatement après la naissance, tant à l’hôpital qu’à la maison. Ce moment d’apaisement et de tranquillité est apprécié par la majorité des jeunes parents.
- Ainsi, la pandémie a aussi mis en évidence des « maladresses » dans les protocoles existants et la nécessité d’adapter les conditions de la maternité à chaque mère ou à chaque couple.
« Fournir une approche unique pour les soins maternels ne fonctionne pas », concluent les auteurs qui appellent à des soins maternels et périnataux mieux personnalisés.
Source: Maternal and Child Health Journal 7 Jan, 2022 DOI : 10.1111/aogs.13925 Mourning the Experience of What Should Have Been’: Experiences of Peripartum Women During the COVID-19 Pandemic
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