L’initiation d’une immunothérapie orale aux arachides chez les enfants de moins de 4 ans allergiques aux arachides (cacahuètes) pourrait être très efficace, conclut cette étude à long terme menée par une équipe de pédiatres et d’allergologues de l’Université des sciences médicales et de l’Hôpital pour enfants de l’Arkansas. Des données publiées dans le Lancet, qui apportent un espoir aux parents d’enfants souffrant d’allergies et un message : plus l’immunothérapie est initiée tôt dans la vie et plus elle a des chances de réussir.
L’allergie à l’arachide touche 2% des enfants des pays occidentaux et la plupart de ces enfants restent allergiques tout au long de leur vie. La norme actuelle de soins est l’évitement alimentaire et l’accès à l’épinéphrine auto-injectable, mais le risque d’anaphylaxie induite par les arachides à la suite d’expositions accidentelles subsiste.
L’immunothérapie implique une exposition répétée dans le temps à des doses progressivement croissantes de l’allergène, afin de réduire les réactions allergiques. De précédentes études menées chez des enfants d’âge scolaire et de jeunes adultes ont démontré que l’immunothérapie orale à l’arachide peut permettre une désensibilisation chez la plupart des patients, mais la rémission reste rare. Cette recherche se concentre sur ses conditions de succès chez l’Enfant.
L’étude a suivi 146 enfants allergiques aux arachides et mesuré la désensibilisation (consommation sûre de 5.000 mg de poudre de protéine d’arachide au cours d’un défi alimentaire supervisé par des chercheurs après 2 ans et demi de traitement quotidien ainsi que la rémission (considérée ici comme la capacité de l’enfant à répéter ce défi alimentaire 26 semaines après la fin du traitement ). Les enfants ont donc reçu, sous étroite surveillance des médecins, de petites quantités de poudre de protéine d’arachide chaque jour, une quantité augmentée progressivement jusqu’à 2.000 mg par jour (soit l’équivalent de 6 cacahuètes).
1 enfant sur 5 est en rémission après l’immunothérapie orale
L’analyse montre que chez les enfants ayant reçu une immunothérapie orale à l’arachide,
- 71 % (68/96) ont obtenu une désensibilisation vs 2 % (1/50) dans le groupe placebo,
- 21 % (20/96) ont obtenu une rémission contre 2 % (1/50) dans le groupe placebo.
- les enfants qui étaient plus jeunes au début du traitement apparaissent plus susceptibles que les enfants plus âgés d’obtenir une rémission : c’est le cas de 71 % (5/7) des enfants alors âgés d’un an, de 35 % (7/20) des enfants âgés de 2 ans et de 19 % (8/ 43) des enfants âgés de 3 ans ;
- 20 autres enfants qui n’ont pas atteint le seuil de rémission pouvaient tout de même tolérer 1.755 à 3.755 mg (environ 6 à 12 cacahuètes) 26 semaines après la fin du traitement. Par conséquent, un total de 57 % (40/70) des enfants ayant terminé le traitement pouvaient consommer en toute sécurité 1.755 à 3.755 mg d’arachides vs 4 % (1/23) dans le groupe placebo.
- Ces données suggèrent une fenêtre d’opportunité au début de la vie, de plus grande efficacité de l’immunothérapie orale.
Quelques effets indésirables cependant : la plupart des participants ont présenté au moins une réaction légère à modérée et plus fréquente chez les participants avec l’immunothérapie orale à l’arachide (98 % à l’immunothérapie orale à l’arachide vs 80 % au placebo !). Les réactions les plus fréquentes comprenaient des manifestations cutanées (urticaire, éruptions), des bouffées vasomotrices, des troubles gastro-intestinaux (douleurs à l’estomac), des démangeaisons dans la bouche, une gêne ou des troubles respiratoires ( rhinite, toux, respiration sifflante). L’épinéphrine a été utilisée pour traiter 21 participants pour 35 réactions allergiques au cours du suivi.
Dès l’âge d’un an ! Ainsi, l’étude confirme que la majorité des jeunes enfants traités par immunothérapie à l’arachide atteignent une désensibilisation après 2 ans et demi de traitement. L’auteur principal, le Dr Stacie Jones, de l’Université de l’Arkansas commente ces résultats : « Il avait été suggéré qu’intervenir au début de la vie lorsque le système immunitaire est encore en développement peut s’avérer plus efficace qu’intervenir plus tard dans la vie. Nous constatons ici que c’est le cas avec l’immunothérapie orale chez une majorité de très jeunes enfants. Ainsi, les enfants qui ont obtenu une rémission sont plus susceptibles d’appartenir au groupe d’âge le plus jeune, avec les meilleurs résultats chez les enfants âgés d’un an, ce qui suggère que des interventions très précoces peuvent fournir les meilleures chances d’obtenir une rémission ».
Ainsi, si l’immunothérapie orale à l’arachide à tout âge n’est pas sans risque de réaction allergique, il s’agit d’un traitement raisonnable à envisager pour les très jeunes enfants allergiques à l’arachide, guidé et surveillé par un allergologue et dans le cadre d’une prise de décision partagée.
L’immunothérapie orale a donc le potentiel d’aider à gérer la maladie par le traitement, plutôt que par la peur et l’évitement.
Source: The Lancet 20 Jan, 2022 DOI : 10.1016/S0140-6736(21)02390-4 Efficacy and safety of oral immunotherapy in children aged 1–3 years with peanut allergy (the Immune Tolerance Network IMPACT trial): a randomised placebo-controlled study
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