L’équipe d’endocrinologues et de cardiologues des Universités de Bristol (UK) et d’Auckland (Australie) propose une réponse à une énigme de longue date et qui concerne un nombre plus qu’élevé de patients : « pourquoi tant de patients souffrant d'hypertension artérielle (HTA) souffrent-ils également de diabète ?«
Ces travaux, publiés dans la revue Circulation Research, mettent en exergue le rôle spécifique d’une petite cellule protéique, le glucagon-like peptide-1 (GLP-1), un rôle de couplage entre le contrôle de la glycémie et de la pression artérielle, par l'organisme.
La prévalence du diabète et de l'hypertension augmente dans le monde entier, et il existe un besoin urgent de traitement permettant de gérer simultanément ces 2 maladies. L’auteur principal, le Pr Julian Paton, du Centre de recherche en cardiologie de l'Université d'Auckland, rappelle que les médecins savent bien et depuis longtemps, que l'hypertension et le diabète sont inextricablement liés. Mais jusqu’à cette étude, les raisons de cette association restaient mal comprises. Ces travaux qui proposent une explication, vont certainement permettre de développer de nouvelles options de traitement.
Le rôle doublement clé du GLP-1
Le GLP-1 est libéré de la paroi de l'intestin après avoir mangé et agit pour stimuler l'insuline du pancréas afin de contrôler la glycémie. Ce mécanisme est bien connu, mais ce qui l’était moins est que le GLP-1 stimule également un petit organe sensoriel appelé corps ou corpuscule carotidien, et situé dans le cou. A l’aide d’une technique de génomique permettant de lire les expressions des gènes dans le corps carotidien chez des souris, modèles ou pas d’HTA, les scientifiques ont pu constater que le récepteur qui détecte le GLP-1 est situé dans le corps carotidien, et que ses niveaux sont moindres chez les modèles hypertendus.
Le corps carotidien est le point convergent où le GLP-1 agit pour contrôler simultanément la glycémie et la pression artérielle. L’ensemble du mécanisme apparaît coordonné par le système nerveux qui reçoit des instructions du corps carotidien.
Le Pr Rod Jackson, épidémiologiste de renommée mondiale de l'Université d'Auckland, commente : « Nous savons que la pression artérielle est notoirement difficile à contrôler chez les patients présentant une glycémie élevée, donc ces résultats sont vraiment importants car en donnant du GLP-1, nous pourrions être capables de réduire à la fois le sucre et la pression, et ces 2 facteurs sont des contributeurs majeurs au risque cardiovasculaire ».
Une explication de la double efficacité des agonistes de GLP-1 : « Les médicaments ciblant le récepteur GLP-1 sont déjà approuvés pour une utilisation chez l'Homme et largement utilisés pour traiter le diabète. En plus d'aider à abaisser la glycémie, ces médicaments réduisent également la tension artérielle, cependant, le mécanisme sous-jacent à cet effet n’était pas bien compris ». L’étude explique comment ces médicaments peuvent en fait agir sur les corps carotidiens et exercer cet effet antihypertenseur.
Quelles implications ? Les personnes souffrant d'hypertension et/ou de diabète encourent un risque élevé de maladie cardiovasculaire. Même traités, un grand nombre d’entre eux restent à risque cardiovasculaire et de décès élevé. En effet, la plupart des médicaments ne traitent que les symptômes et non les causes de l'hypertension artérielle et de l'hyperglycémie…La confirmation du double rôle du GLP-1 n'est qu'un début.
La recherche révèle par ailleurs de nombreuses autres cibles qui pourraient permettre de mieux traiter les patients à la fois hypertendus et diabétiques.
Source: Circulation Research 1 Feb, 2022 DOI: 10.1161/CIRCRESAHA.121.319874 GLP1R attenuates sympathetic response to high glucose via carotid body inhibition
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