Cette équipe de l’Université Flinders (Australie) apporte une bonne nouvelle, spécifique aux Etats-Unis et de court terme, mais probablement généralisable à d’autres pays riches : les taux de suicide, aux États-Unis, ont fortement chuté au cours de la première année de la pandémie COVID-19. Cependant, avec cet article d’analyse et de perspective, publié dans la revue Primary Care Companion, les auteurs avertissent aussi : notre système de santé doit se préparer à faire face au fossé sanitaire et socio-économique creusé par la pandémie.
Ces données du Centre national des statistiques de la santé (NCHS) portant sur la première période de pandémie de COVID-19 en 2020 montrent en effet à la fois une augmentation estimée de 17,7% de la mortalité globale, et une baisse de 5,6% des suicides (aux États-Unis) par rapport à 2019 (de 47.511 à 44.834 suicides). Des résultats qui doivent cependant être interprétés avec prudence, dans l’attente de nouvelles données sur la période suivante, en en particulier sur les taux de suicide au sein des groupes de population plus vulnérables, impactés de manière disproportionnée par l’impact économique de la pandémie.
L’auteur principal, le professeur Tarun Bastiampillai, de l'Université Flinders et de l'Université Monash, clinicien et neuropsychiatre appelle à prévenir cet impact, chez les plus vulnérables, par des interventions de soutien et à analyser l’efficacité de ces interventions : « nous devons poursuivre les recherches sur les effets de la cohésion sociale et des mesures de soutien pour mieux comprendre leurs impacts sur le risque de suicide induit par une pandémie pour les communautés les plus vulnérables »
Mais pourquoi les crises majeures sont souvent associées à une baisse des suicides ?
Les auteurs expliquent, et sur la base de tendances similaires observées pendant la grande pandémie de grippe espagnole (1918-1920), que de tels bouleversements dans la société peuvent aiguiser le sentiment de soutien collectif, stimuler l'esprit communautaire, la solidarité familiale, et la résilience sociale.
- Ainsi, les taux de suicide avaient baissé, à l’identique, lors de la grande pandémie historique de grippe espagnole (1918-1920) qui avait tué environ 1 % à 2,7 % de la population mondiale et réduit l'espérance de vie aux États-Unis de 13 %;
- d’autres sources montrent, à l'identique, des taux de suicide inférieurs depuis le début de la pandémie COVID, dans 21 pays.
« En période de crise, les communautés ayant des niveaux d'intégration sociale plus élevés sont plus susceptibles de se « regrouper » et de faire bloc », cependant si cet effet de solidarité a permis de faire baisser les taux de suicide, nos sociétés doivent se préparer à aider les plus vulnérables, touchés de plein fouet par la pandémie.
Source: The Primary Care Companion for CNS Disorders 18 Nov, 2021 DOI : 10.4088/PCC.21com03088 Spanish Flu (1918-1920) Impact on US Suicide Rates by Race: Potential Future Effects of the COVID-19 Pandemic
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