Les régimes riches en graisses « cassent l'horloge biologique », ce qui pourrait être une cause sous-jacente de l'obésité, conclut cette recherche, menée chez la souris. Les conclusions de l’étude, présentées dans le Journal of Physiology, suggèrent, à nouveau, l’importance d’une horloge biologique « bien calée » pour une bonne santé métabolique, et appellent à tester de futures thérapies permettant de rétablir le bon fonctionnement de l'horloge dans le cerveau, pour éviter de trop manger.
Cette étude intervient en pleine épidémie d’obésité et alors que le nombre de personnes obèses a presque triplé dans le monde depuis 1975. On connait de plus les comorbidités de l'obésité, celles-là même qui ont constitué des facteurs de vulnérabilités face au COVID-19, dont le diabète de type 2 et les maladies cardiaques. En montrant chez l’animal comment un régime riche en graisses perturbe l'horloge biologique cérébrale -qui contrôle normalement la satiété-, ce qui favorise l'obésité, cette recherche suggère que recaler l’horloge est une condition au maintien voire à la reprise d’un poids de santé.
Une horloge biologique dans le tronc cérébral contrôle précisément la prise alimentaire
L'horloge biologique principale a longtemps été considérée comme unique et résidant dans une partie du cerveau appelée l'hypothalamus. Cependant, d'autres recherches ont plus récemment suggéré qu’n certain contrôle des rythmes quotidiens de notre corps (niveaux d'hormones, appétit, etc.) réside également dans plusieurs autres zones du cerveau et du corps. Un groupe de neurones, situé dans l'ancien tronc cérébral évolutif, appelé complexe vagal dorsal (CVD), participe ainsi, en induisant la satiété, au contrôle de la prise alimentaire.
- Dans l'obésité, les rythmes quotidiens de la prise alimentaire et la libération d'hormones liées à l'alimentation sont émoussés ou décalés, c’est le premier constat de cette étude menée à l'Université Jagellonne de Cracovie en collaboration avec des chercheurs l'Université de Bristol ;
- un régime riche en graisses semble induire des changements dans les rythmes neuronaux quotidiens du CVD et dans la réponse de ces neurones spécialisés aux hormones de l'appétit, c’est le second constat de l’étude.
La recherche est menée sur 2 groupes de jeunes souris, un nourri durant 4 semaines avec un régime témoin bien équilibré, un nourri avec régime riche en graisses (70 % de l’apport calorique). Des enregistrements électrophysiologiques ont été effectués afin de mesurer l'évolution de l'activité neuronale du complexe vagal dorsal sur 24h. L'utilisation de réseaux d’électrodes a permis de surveiller simultanément une centaine de neurones, d'évaluer les changements circadiens de l'activité neuronale ainsi que les réponses neuronales aux hormones métaboliquement pertinentes pour chacun des groupes de régime. L’expérience confirme :
- la corrélation entre le régime riche en graisses, ces changements circadiens et finalement le développement de l’obésité.
Et chez l’Homme ? Bien que le tronc cérébral humain et de la souris partagent des caractéristiques communes, les souris sont des animaux nocturnes et le pic de l'activité du CVD est observé en fin de journée chez la souris, une phase de repos pour l’animal mais une phase active pour les humains. Cependant, ces données, comme de nombreuses études dans le passé, suggèrent que les perturbations dans l’horloge biologique cérébrale peuvent bien favoriser l'obésité.
Mettre à jour l’horloge pour lutter contre l'obésité : l’auteur principal, le Dr Lukasz Chrobok, conclut ainsi : « cette recherche ouvre de nouvelles pistes pour lutter contre le problème de santé croissant de l'obésité. Nous ne savons toujours pas quels sont les repères temporels capables de réinitialiser ou de synchroniser l'horloge du tronc cérébral. Mais nous pensons que la restauration des rythmes quotidiens dans ce centre de satiété avant ou après l'apparition de l'obésité pourrait être une nouvelle option thérapeutique ».
Source: The Journal of Physiology 06 September 2021 DOI: 10.1113/JP281838 Rhythmic neuronal activities of the rat nucleus of the solitary tract are impaired by high-fat diet – implications for daily control of satiety
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