À l'aide de centaines analyses cérébrales d'enfants, ces experts pédiatres et neurologues de la « Penn State » ont développé des courbes de croissance normalisées indiquant comment un cerveau sain devrait se développer au cours des 18 premières années de la vie. C’est la première fois qu’un tel repère est mis à la disposition des cliniciens et professionnels de soins primaires, avec l’opportunité de pouvoir évaluer les effets d’infections ou de lésions cérébrales sur la croissance du cerveau de l’enfant et de l’adolescent. De précieuses données, publiées dans le Journal of Neurosurgery, Pediatrics (JNS), qui incitent à ajouter une évaluation aux traditionnelles mesures de base en consultation de routine.
Presque chaque visite chez le pédiatre commence par 3 mesures : le poids, la taille et le périmètre crânien. Ces mesures ont pour objectif d’apprécier la croissance et le développement et d’identifier d’éventuels écarts par rapport à la normale. Pourtant, le cerveau, d'une importance vitale pour le développement de l'enfant, est simplement évoqué dans ces mesures : en effet, la circonférence de la tête peut indiquer un problème de croissance qui devrait être étudié plus avant.
A l'ère de l'imagerie cérébrale non invasive telle que l'imagerie par résonance magnétique (IRM),
les médecins devraient disposer de courbes de croissance normalisées pour le cerveau.
C’est justement l’objectif que s’est assigné l’équipe pluridisciplinaire de Steven Schiff, professeur d'ingénierie à la Penn State : « La recherche sur la taille du cerveau a également une histoire très accidentée, car elle a souvent été utilisée pour tenter de démontrer, de manière scientifique, qu’une ethnie ou un sexe est supérieur sur le plan cognitif ». Nous avons donc mené une méta-analyse des études publiées depuis 150 ans et analysé les données d'une cohorte plus récente.
1.067 scintigraphies cérébrales -issues du du National Institutes of Health (NIH) Pediatric MRI Repository- de 505 enfants en bonne santé, âgés de 13 jours à 18 ans, et représentatifs de la diversité socio-démographique, ont ainsi été analysées. Cette analyse révèle :
- une différence significative de volume cérébral entre les garçons et les filles : même après ajustement pour la taille du corps, les hommes/garçons présentent un volume cérébral global plus important, même si les structures cérébrales spécifiques ne diffèrent pas en taille entre les sexes, pas plus que les capacités cognitives.
- Il existe donc bien une différence dans la façon dont le cerveau des enfants de sexe masculin et féminin se développe.
- Cela suggère de prendre en compte ces marqueurs lors des consultations de routine et d’évaluation de la croissance de l’enfant.
Un rapport universel taille du cerveau et volume de LCR : il existe en effet, une similitude frappante entre les sexes, du rapport entre la taille du cerveau de l'enfant et le volume de liquide céphalo-rachidien : « ce rapport est universel », précisent les chercheurs : « le fluide flotte et protège le cerveau, remplissant diverses fonctions lorsqu'il circule dans le cerveau. Cette relation fluide-cerveau « universelle » est exactement ce que nous essayons de réguler lorsque nous traitons des enfants atteints d'hydrocéphalie ».
Les chercheurs vont continuer à suivre ce rapport entre la taille du cerveau et le volume de liquide céphalo-rachidien chez les enfants et tout au long de la vie.
Diagnostiquer plus facilement certaines conditions cérébrales ou neurologiques : ce rapport offre de nouvelles façons de caractériser les conditions affectant le cerveau de l'enfant et répond à une question de longue date :
- après l'âge de 2 ans, le côté gauche du lobe temporal -une zone impliquée dans la fonction du langage devient clairement plus volumineux que le côté droit et cela tout au long de l'enfance ;
- une partie du lobe temporal, l’hippocampe, qui peut être une zone source d'épilepsie, est plus volumineuse à droite qu'à gauche au fur et à mesure de la croissance et tout au long de l'enfance.
- Ces nouvelles données de croissance normales pour ces structures critiques souvent impliquées dans l'épilepsie vont aider considérablement les neurologues et les pédiatres à diagnostiquer si ces structures sont endommagées et notamment peu développées pour l'âge.
« Le volume du cerveau atteint son maximum à la puberté »,
concluent les auteurs. Ce volume diminue ensuite avec l'âge, et plus rapidement chez les personnes atteintes de démence. Il est donc crucial de disposer de mesures fiables pour diagnostiquer ces conditions cliniques et pouvoir les traiter de manière plus précoce.
Source: Journal of Neurosurgery (JNS) 9 July, 2021 DOI : 10.3171/2021.2.PEDS201006 Normal childhood brain growth and a universal sex and anthropomorphic relationship to cerebrospinal fluid
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