Cette étude prépubliée sur le serveur medRxiv et à paraître dans la revue Nature Neuroscience ouvre un espoir de traitement de la maladie d’Alzheimer : des médicaments déjà approuvés, à repositionner, auraient en effet la capacité de cibler de nouvelles protéines clés identifiées et donc le potentiel de ralentir ou d'inverser les lésions caractéristiques de la maladie.
L’équipe de recherche de la Washington University School of Medicine à St. Louis, dirigée par le Dr Carlos Cruchaga identifie, avec ces travaux, dans des échantillons de tissu cérébral, de LCR et de plama sanguin, de nouvelles cibles thérapeutiques potentielles, des protéines défectueuses associées à l'accumulation d'amyloïde dans le cerveau, ainsi que 15 médicaments existants qui, repositionnés, pourraient être efficaces. Les essais cliniques pourraient commencer prochainement.
15 repositionnements de médicaments possibles pour traiter la maladie d’Alzheimer,
dont :
- 7 médicaments particulièrement efficaces à cibler également les protéines défectueuses liées à la maladie de Parkinson,
- 6 pour les accidents vasculaires cérébraux (AVC)
- 1 pour la sclérose latérale amyotrophique (SLA).
Une nouvelle approche pour stopper l'Alzheimer : depuis plusieurs décennies, de nombreuses équipes de recherche travaillent au développement de traitements de maladie d'Alzheimer en ciblant les gènes impliqués dans le processus de la maladie, mais avec peu de succès. Ces approches sont restées sans grands résultats car ciblant des gènes qui ne modifient pas fondamentalement les protéines à l'œuvre dans le cerveau. Cette nouvelle approche se concentre sur les protéines du cerveau mais aussi d'autres tissus, dont la fonction a été altérée.
Des échantillons humains et les dernières technologies pour mieux comprendre la biologie de la maladie d'Alzheimer : l’auteur principal, le Dr chercheur principal Carlos Cruchaga, PhD, professeur de neurologie et de psychiatrie explique que sur des échantillons de cerveau atteints de la maladie d'Alzheimer, son équipe a pu identifier de nouveaux gènes, des cibles médicamenteuses et des composés approuvés par la FDA qui interagissent avec ces cibles pour ralentir ou inverser la progression de la maladie d'Alzheimer.
Des protéines cibles : les scientifiques se sont concentrés sur les niveaux de protéines dans le cerveau, dans le liquide céphalo-rachidien (LCR) et dans le plasma sanguin issus de 1.537 participants dont la moitié environ avaient reçu un diagnostic de maladie d'Alzheimer. Les chercheurs ont mesuré les niveaux de protéines dans les échantillons de tissu cérébral, de LCR et de plasma. Puis, grâce à des modèles statistiques, ils ont pu lier les niveaux de certaines protéines à la maladie : précisément, 274 protéines liées à la maladie dans le LCR, 127 dans le plasma sanguin et 32 dans le tissu cérébral.
Certaines des protéines identifiées sont fabriquées par des gènes précédemment liés au risque d'Alzheimer, tandis que d'autres le sont par des gènes jusque-là non liés à la maladie. Après avoir identifié ces protéines, les chercheurs ont rapproché leurs résultats de plusieurs bases de données de médicaments existants qui cibles ces protéines.
Des médicaments repositionnables : les chercheurs ont ainsi identifié des médicaments déjà approuvés -ici par l’Agence américaine FDA- et dont les données de sécurité sont donc disponibles, ce qui va leur permettre de passer directement aux essais cliniques.
C’est donc une nouvelle approche basée sur les niveaux de protéines présentes dans des tissus clés, cérébraux et autres, chez des personnes Alzheimer vs des témoins en bonne santé qui a permis d’identifier de nouveaux gènes et protéines liés à la maladie d'Alzheimer.
« Nous savons que les gènes portent les instructions pour construire des protéines et que des maladies telles que la maladie d'Alzheimer surviennent lorsque ces niveaux de protéines deviennent anormaux, trop élevés ou trop bas. Pour comprendre la biologie de la maladie d'Alzheimer, nous devons examiner les protéines plutôt que seulement les gènes ».
A titre d’exemple, le très connu gène APOE modifie en fait les niveaux de plusieurs protéines dans le tissu cérébral et le LCR. Un autre gène, TREM2, également récemment associé au risque d'Alzheimer est confirmé comme impliqué. D’autres recherches ont permis d'identifier une cinquantaine de signaux génétiques liés à la maladie d'Alzheimer, mais seule une poignée de gènes responsables de ces signaux ont été trouvés.
Comprendre comment les niveaux de protéines sont affectés par ces gènes à risque permettent en somme d’identifier les voies qui mènent à la maladie.
« Nous avons identifié des cibles, nous ne prétendons pas que toutes ces cibles vont fonctionner ou que tous les candidats vont arrêter la progression de la maladie, mais nous avons une nouvelle approche ».
Source: Nature Neuroscience DOI : 10.1038/s41593-021-00886-6 /medRxiv July 8, 2021 DOI : 10.1101/2020.06.25.20140277 Genomic and multi-tissue proteomic integration for understanding the biology of disease and other complex traits
Plus sur la Maladie d’Alzheimer sur Neuro Blog
Laisser un commentaire