C’est une nouvelle alerte sur la résurgence possible des virus et des infections respiratoires, en particulier chez les nourrissons et les enfants, que lance cette équipe de virologues et de pédiatres de l’Université de Colombie Britannique (Canada) alors que les mesures de distanciation physique contre le COVID-19 s’assouplissent. Ces données publiées dans le Canadian Medical Association Journal confirment en effet la forte augmentation des cas de virus respiratoire syncytial (VRS) en Australie et, plus récemment, aux États-Unis, avec la réduction du nombre de cas de COVID-19 et l’assouplissement des mesures de santé publique.
Avant la pandémie de COVID-19, les infections des voies respiratoires inférieures causaient environ 2,7 millions de décès par an dans le monde, se classant ainsi au 4è rang des causes de décès par infection. Le virus respiratoire syncytial et la grippe sont en effet les principales causes d'infection des voies respiratoires inférieures chez les jeunes enfants. Chez les enfants de moins de 2 ans, le VRS se présente sous la forme d'une bronchiolite et, chez les nourrissons plus jeunes, il entraîne des symptômes non spécifiques comme des « pauses » respiratoires et un ralentissement de la prise alimentaire.
Il n'existe pas de vaccin contre le VRS et aucune intervention au-delà de mesures d'hygiène de base ne permet de contrer ces infections. Cependant, au Canada, les enfants de moins de 2 ans à risque élevé, y compris les nourrissons nés prématurément et ceux qui souffrent d'une maladie pulmonaire chronique grave ou d'une cardiopathie congénitale grave, peuvent recevoir un traitement mensuel par anticorps monoclonal neutralisant le VRS pendant la saison virale. Ce traitement prophylactique permet de réduire de plus de moitié le risque d'hospitalisations liées à une infection des voies respiratoires inférieures.
Une disparition presque totale des infection à VRS depuis le début de la pandémie
Les chercheurs montrent ici que depuis le début de la pandémie, de nombreux pays ont observé une disparition presque totale des cas de VRS et de grippe. Au Canada, par exemple, sur la base d’un nombre de tests pratiquement similaire, 239 étaient positifs entre le 29 août 2020 et le 8 mai 2021 vs 18 860 entre le 25 août 2019 et 2 mai 2020. L’auteur principal, le Dr Pascal Lavoie, du BC Children's Hospital Research Institute et de l'Université de Colombie-Britannique, confirme que pendant la pandémie de COVID-19, le Canada, comme d'autres pays, a recensé très peu de cas de VRS, et le virus a même semblé disparaître au cours de cette dernière année.
Mais, plus récemment, avec l’assouplissement progressif des mesures anti-COVID, les cas de virus respiratoire syncytial (VRS) ont fortement augmenté en Australie puis aux États-Unis. Les chercheurs alertent :
« La résurgence hors saison des virus respiratoires saisonniers constitue désormais une menace possible pour les nourrissons vulnérables ».
Cette résurgence des cas de VRS, possible dès cet été pourrait à son tour impacter les systèmes de santé, et en particulier, les unités de soins intensifs pédiatriques (USIN). De plus, la plupart des femmes enceintes et des très jeunes nourrissons n'ont pas développé d'immunité au cours de la saison précédente, les enfants pourraient donc développer une maladie plus sévère cette année.
Des mesures de prévention, cette fois anti VRS sont donc rappelées :
- le lavage des mains, bien sûr, et les mesures d'hygiène de base ;
- l'allaitement lorsqu’il est possible, car il contribue au développement de l’immunité chez le bébé ;
- la poursuite des tests « VRS » ;
- un suivi du nombre de cas par les unités de soins intensifs pédiatriques ;
- la pratique d’un traitement préventif chez les nourrissons les plus à risque.
Source: Canadian Medical Association Journal July 26, 2021 DOI: 10.1503/cmaj.210919 Potential resurgence of respiratory syncytial virus in Canada
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