De faibles niveaux d'oméga-3 pourraient être prédictifs de décès précoce « tout autant que le tabagisme », souligne cette équipe de l’Institut Wright On Marketing & Communications (New Jersey) qui publie sa recherche dans l'American Journal of Clinical Nutrition. Cette analyse des données de la Framingham Heart Study, l’une des cohortes les plus longues au monde, fait la lumière sur les biomarqueurs alimentaires et notamment les acides gras qu'ils soient mesurés dans le plasma ou dans les membranes des globules rouges.
Les maladies cardiovasculaires restent la principale cause de décès dans le monde et on sait que leur risque peut être réduit par des changements de mode de vie, dont l’adhésion à un régime alimentaire sain, la pratique de l’exercice et la diminution de la sédentarité et l’arrêt de la consommation de tabac et d'alcool. Des biomarqueurs représentatifs de tout ou partie de ces choix de mode de vie peuvent donc constituer des marqueurs permettant d’identifier les personnes à risque, en besoin d’approches de prévention ou thérapeutiques, et de réduire ainsi la morbidité et la mortalité.
Or parmi les biomarqueurs alimentaires figurent les acides gras
Les acides gras sont clairement associés au risque de maladie cardiovasculaire, de décès de cause cardiovasculaire et de décès toutes causes confondues. Parmi ces acides gras, figurent les oméga-3, dont l'EPA (acide eicosapentaénoïque) et le DHA (acide docosahexaénoïque), présents dans les poissons gras, comme le saumon et le hareng ou sous forme de suppléments. Les chercheurs citent une première étude de 2018 des données de 2.500 participants de la Framingham Heart Study qui révélait une association inverse entre les niveaux d’oméga-3 et le risque de décès toutes causes confondues :
- les personnes ayant l'indice d'oméga-3 le plus élevé présentaient un risque réduit de 33 % de décès au cours du suivi de 7 ans, vs l'indice d'oméga-3 le plus faible. D’autres études ont depuis abouti à des associations similaires.
Sur l'indice oméga-3 : cet indice qui mesure la quantité d'EPA et de DHA dans les membranes des globules rouges est un marqueur du statut global en oméga-3. Un indice oméga-3 optimal est de 8 % ou plus, un indice oméga-3 intermédiaire se situe entre 4 % et 8 % et un indice oméga-3 faible est <4 %. La plupart des personnes suivant un régime de type occidental ont un indice oméga-3 <4 %, ce qui les expose à un risque de décès prématuré plus élevé.
Toute mesure basée sur ces acides gras oméga-3 aurait un pouvoir prédictif similaire à celui des facteurs de risque standards bien établis, révèle cette nouvelle analyse de données de la Framingham Heart Study. Quelques exemples :
- au Japon, où l'indice moyen oméga-3 est >8 %, l’espérance de vie est supérieure, d’environ 5 ans vs aux États-Unis, où l'indice moyen oméga-3 est d'environ 5 ;
- et, dans cette analyse combinée, l'indice d'oméga-3 et le tabagisme apparaissent « à égalité » des facteurs majeurs de risque : Être un fumeur actuel (à 65 ans) réduit d’environ 4 ans l’espérance de vie, soit d’une durée équivalente à celle associée à un indice faible oméga-3.
- Les concentrations de 4 acides gras dans les enveloppes des globules rouges sont aussi significatives que peuvent l’être des marqueurs plus « classiques » comme la pression artérielle, le tabagisme et le statut diabétique pour prédire la mortalité totale.
« Cela témoigne de la puissance de l'indice oméga-3 comme facteur de risque mais aussi comme marqueur de la santé et de l’espérance de vie ».
Source : The American Journal of Clinical Nutrition 16 June 2021 DOI : 10.1093/ajcn/nqab195 Using an erythrocyte fatty acid fingerprint to predict risk of all-cause mortality: the Framingham Offspring Cohort
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