Cette équipe de bioingénieurs de la McGill University et du Neuro (Montréal) utilise le sucre pour fabriquer et introduire dans le cerveau des implants mous, avec pour avantage, un risque réduit de rejet et de réaction à un corps étranger. Précisément, ces nouveaux dispositifs fabriqués à base de silicone et enrobés de sucre ont une consistance molle comme le cerveau lui-même. Ils permettent de stimuler la zone ciblée comme les implants classiques mais sans autant d'interférences et se dissolvent rapidement une fois la simulation achevée.
Ces prototypes, documentés dans la revue Advanced Materials Technologies devront encore démontrer leur efficacité et leur innocuité chez l’Homme lors de prochains essais cliniques.
Les implants cérébraux permettent d’étudier ou de traiter par stimulation certains dysfonctionnements neurologiques et ils représentent une des voies de recherche les plus prometteuses pour l'amélioration des fonctions cognitives. Ils peuvent être utilisés pour surveiller l'activité cérébrale ou stimuler des régions du cerveau au moyen d'impulsions électriques. Par exemple, chez les patients épileptiques, les implants cérébraux peuvent permettre de localiser la source des crises. Cependant, au fil du temps, les implants peuvent induire une réaction de rejet de l'organisme avec un risque d'inflammation et de formation de tissus cicatriciels.
« La recherche en génie biomédical est l'art de rendre l'impossible possible »,
commente l’un des auteurs principaux, David Juncker, professeur de génie biomédical à l'Université McGill.
Une rigidité mal tolérée : les implants actuels sont en effet plus rigides que les tissus cérébraux. Leur frottement sur les tissus les signale comme des corps étrangers et déclenche une réponse immunitaire.
L'implant cérébral le plus mou jamais créé : l’équipe canadienne développe ici un implant mou, de l'épaisseur d'un fil à coudre, l'implante dans le cerveau d’une souris sous anesthésie. L'aiguille de sucre permet d'acheminer l'implant au site cible puis se dissout en quelques secondes, libérant ainsi l’implant en silicone. Quelques semaines après l'implantation et après stimulation, les chercheurs constatent une densité neuronale accrue. La réaction de rejet s’avère très diminuée par rapport à la réponse observée avec les implants actuels.
L'efficacité et l'innocuité de la technique devront encore être démontrées chez l’Homme. Mais la voie de recherche est tracée vers des implants mous qui respectent la consistance des tissus cérébraux, se dissolvent et limitent ainsi le risque de réponse inflammatoire du cerveau.
Source: Advanced Materials Technologies January 2021 DOI: 10.1002/admt.202000909 Mechanically Matched Silicone Brain Implants Reduce Brain Foreign Body Response
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