Ce nouvel anticorps monoclonal expérimental, l’evinacumab, montre sa capacité à réduire les triglycérides chez les patients atteints d'hypertriglycéridémie sévère et ayant des antécédents d'hospitalisation pour pancréatite aiguë, conclut cet essai clinique de phase II mené par une équipe du Mount Sinai Health System (New York). Ces données préliminaires présentées lors de la Session scientifique annuelle de l'American College of Cardiology (ACC) révèlent des réductions soutenues des taux de triglycérides allant jusqu'à 82%, selon le génotype du patient, ainsi qu’une réduction des récidives de la pancréatite aiguë.
L’auteur principal, le Dr Robert S. Rosenson, professeur de médecine à l'Icahn School of Medicine confirme que non seulement le candidat permet de réduire les triglycérides, mais aussi le risque de pancréatite aiguë, la qualité de vie et le risque d'événements cardiovasculaires chez ce groupe de patients très vulnérables : « L’evinacumab permet de combler un besoin clinique non satisfait car, même après mise en œuvre des options thérapeutiques (conseil diététique, apports de fibres et substitution par des acides gras omega-3, de nombreux patients atteints d'hypertriglycéridémie sévère maintiennent des taux de triglycérides élevés, au-dessus de 500 mg / dL ».
Le candidat agit en se liant et en bloquant une protéine clé dans le métabolisme du cholestérol.
L'hypertriglycéridémie sévère est définie comme des triglycérides >500 mg / dL et est responsable d'environ 10% de tous les cas de pancréatite aiguë. La pancréatite aiguë est caractérisée par une inflammation du pancréas qui provoque des douleurs abdominales et de la fièvre et, dans certains cas, peut être mortelle. Ses récidives entraînent des hospitalisations fréquentes. Ses causes les plus courantes sont les calculs biliaires et la consommation excessive d’alcool.
L’essai, mené auprès de 52 patients atteints d'hypertriglycéridémie sévère constate que les bénéfices constatés dépendent de variantes génétiques :
- la réduction la plus élevée de triglycérides, jusqu'à 82% se produit chez les patients exempts de 2 mutations dans la voie de la lipoprotéine lipase (LPL), une enzyme responsable du métabolisme ou de la dégradation des triglycérides ;
- une réduction de 65% des triglycérides est observée chez un autre sous-groupe de patients atteints de chylomicronémie multifactorielle, une maladie caractérisée justement par des taux de triglycérides élevés ;
- en revanche chez des participants porteurs des mutations de perte de fonction dans deux gènes codant pour la lipoprotéine (Chylomicronémie familiale), le candidat ne modifie pas les taux de triglycérides.
Cibler les patients, personnaliser le traitement : la recherche souligne l'importance des tests génétiques de la voie LPL pour déterminer les patients les plus susceptibles de répondre au traitement par evinacumab. Cependant, les chercheurs précisent que même chez les patients porteurs des mutations de perte de fonction dans 2 gènes codant pour la lipoprotéine, des réductions du cholestérol non HDL ont été observées…
Quel mécanisme ? L'évinacumab agit en se liant à une protéine (ANGPTL3) qui joue un rôle clé dans le métabolisme du cholestérol. Les personnes qui manquent de cette protéine ou ont de très faibles niveaux sont connues pour avoir des niveaux de lipides considérablement réduits, ce qui suggère aussi que ANGPTL3 pourrait être une cible thérapeutique pour abaisser les triglycérides.
L'évinacumab a déjà été approuvé par l’Agence américaine Food and Drug Administration (FDA) sous le nom Evkeeza ™ pour le traitement de l'hypercholestérolémie familiale homozygote, une maladie héréditaire qui rend difficile l'élimination par le corps du cholestérol LDL.
Un nouvel essai clinique sur l'évinacumab chez des patients atteints d'hypertriglycéridémie sévère doit débuter prochainement.
Source: American College of Cardiology's 70th Annual Scientific Session 16-May-2021 Novel monoclonal antibody can substantially lower triglycerides in patients with acute pancreatitis
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