Le COVID long n’est pas une exception : la plupart des patients hospitalisés éprouvent toujours au moins un symptôme 6 mois après le début de la maladie avait estimé une étude d’observation récente publiée dans le Lancet. Cet essai clinique, mené à Université de Californie – San Diego et dont les résultats sont présentés dans le Journal of the American College of Cardiology, révèle qu’un médicament existant, indiqué aujourd'hui dans le traitement de l’insuffisance cardiaque, permet de soulager certains symptômes cardiaques du COVID long, dont le STOP, une forme de tachycardie exacerbée en position debout.
Ce symptôme fréquent du COVID long c’est le syndrome de tachycardie orthostatique posturale (STOP) (ou POTS pour Postural orthostatic tachycardia syndrome). Ce trouble complexe et débilitant affecte le système nerveux autonome du corps, provoquant une fréquence cardiaque élevée, généralement en position debout. Le STOP est généralement causé par une infection virale, un traumatisme, une intervention chirurgicale ou un alitement forcé, et affecte le plus souvent les jeunes femmes qui sont soit des athlètes soit très actives. Actuellement, il n'y a pas de traitement approuvé pour le syndrome qui peut affecter durement la qualité de vie, avec toute une série de symptômes associés, dont un «brouillard cérébral», des vertiges, des palpitations, des tremblements, une fatigue et une faiblesse ou encore une vision floue.
Le médicament qui soulage le STOP, c’est l'ivabradine, un médicament indiqué dans l'insuffisance cardiaque chronique systolique. Ici, l’équipe californienne évalue les effets de l’ivabradine sur la fréquence cardiaque, la qualité de vie et les taux plasmatiques de noradrénaline chez les personnes post-COVID souffrant de STOP.
L'ivabradine pour traiter le STOP
La noradrénaline est une hormone du stress et un neurotransmetteur. Dans le plasma sanguin, la noradrénaline est une bonne mesure de l'activité du système nerveux sympathique. L'ivabradine est un médicament approuvé pour l'insuffisance cardiaque, mais comme il réduit la fréquence cardiaque sans affecter la pression artérielle, les chercheurs ont pensé qu’il pouvait être efficace pour le STOP. L’auteur principal, le Dr Pam Taub, cardiologue au Cardiovascular Institut de l'UC San Diego Health et professeur agrégé de médecine à l'UC San Diego School of Medicine, explique cette hypothèse : « Lorsque nous pouvons réduire la fréquence cardiaque, nous offrons à ces patients la capacité de se lever, ce qu'ils ne pouvaient pas faire sans difficulté auparavant en raison de leur STOP ».
L'étude est menée auprès de 22 personnes âgées en moyenne de 32 ans, soumises selon un schéma croisé randomisé, à double insu et contrôlé par placebo, soit au traitement par ivabradine soit à la prise d’un placebo pendant un mois. À la fin du mois, tous les participants ont subi une période de sevrage d’une semaine puis les groupes ont été inversés. Au cours des deux mois, les patients ont également passé 7 consultations médicales au cours desquelles leurs niveaux de noradrénaline plasmatique ont été mesurés et des tests d'inclinaison ont été effectués pour observer la fréquence cardiaque du patient en position assise, couchée ou debout.
- Avant l'étude, ces patients vivaient avec des fréquences cardiaques élevées allant de 100 à 115 battements par minute en position debout ;
- après le traitement d’1 mois par ivabradine, leur fréquence cardiaque debout a diminué de manière significative à environ 77 battements par minute vs groupe témoin ;
- les participants signalent également une amélioration de la qualité de vie lorsqu'ils prenaient le médicament ;
- l'ivabradine s’avère bien tolérée sans effets secondaires importants (alors que, soulignent les chercheurs, d'autres médicaments utilisés pour abaisser la fréquence cardiaque, tels que les bêta-bloquants, peuvent causer de la fatigue et une diminution de la pression artérielle).
« Dans notre pratique actuelle, nous voyons de nombreux patients qui ont été infectés par le COVID-19 et qui présentent, plusieurs mois plus tard les symptômes du STOP » explique l’un des auteurs, le Dr Jonathan Hsu, cardiologue à l'UC San Diego Health. « Cette étude suggère que le traitement par ivabradine pourrait aider ces patients à COVID long, ce que nous devrons valider par une prochaine étude ».
Source: Journal of the American College of Cardiology (JACC) 23 Feb, 2021 DOI : 10.1016/j.jacc.2020.12.029 Randomized Trial of Ivabradine in Patients With Hyperadrenergic Postural Orthostatic Tachycardia Syndrome
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