A ce stade de l'épidémie, le climat n'a qu'un impact modeste en regard du respect des mesures de distanciation et d’isolement, conclut cette analyse de l’Université de Princeton. Ainsi l’équipe d’épidémiologistes expliquent, dans la revue Nature Communications, que les vagues épidémiques hivernales actuelles sont largement corrélées aux politiques de distanciation et au respect des mesures barrières, telles que le port de masques et la distanciation sociale. Le climat et l'immunité de la population semblent jouer un rôle bien plus modeste, écrivent les chercheurs.
Il s’agit d’une modélisation effectuée à l'été 2020 qui a permis différentes simulations d'une épidémie de coronavirus hivernale à New York afin de mieux comprendre et identifier les facteurs clés qui permettent au virus de se propager. Le modèle conclut à la responsabilité majeure du « relâchement » des vacances d’été pour expliquer la vague épidémique hivernale. « l’étude montre que des mesures de contrôle plus laxistes mais aussi la lassitude des populations à observer les mesures de distanciation alimentent les épidémies hivernales », résume l’auteur principal, Rachel Baker, chercheur au High Meadows Environmental Institute (HMEI) de Princeton.
Tant que l'immunité collective reste faible
C’est en effet le cas dans la plupart des régions du monde, ce qui suggère que le moindre relâchement dans les mesures barrières peut donner lieu au développement d’une nouvelle vague. Les facteurs climatiques, dont les conditions hivernales, semblent ici jouer un rôle néfaste mais « qui reste secondaire », concluent les chercheurs.
Un maintien de mesures barrières modérées pendant l'été a pu « laisser passer » cette vague hivernale. Et si les facteurs climatiques peuvent stimuler la transmission virale, les mesures barrières priment. Les mesures de distanciation durant l’été auraient donc dû -selon la modélisatin- rester bien plus rigoureuses pour maintenir la circulation du coronavirus en deçà d’un seuil qui ne permette pas cette reprise de propagation virale. Ainsi, le maintien du confinement l'été dernier aurait pu limiter les vagues hivernales que la plupart des pays connaissent actuellement. Cependant, un tel confinement était-il tolérable ?
Parmi les facteurs de reprise hivernale identifiés, les scientifiques insistent également sur l’augmentation des voyages, des déplacements et des rassemblements à l’occasion des Fêtes de fin d’année. Alors que durant cet hiver, des épidémies ont été enregistrées dans des endroits tempérés tels que Los Angeles ou en Afrique du Sud, au même niveau de circulation que dans des régions aux conditions climatiques plus froides,
« cela confirme un rôle limité du climat à ce stade ».
De l’épidémie à l’endémie : ces experts avaient déjà suggéré dans la revue Science que les variations climatiques locales n'affecteraient probablement pas la pandémie de coronavirus, aujourd’hui ils confirment que le virus se propage actuellement trop rapidement pour que le climat soit un facteur vraiment déterminant. Mais, au fur et à mesure de l’établissement d’une immunité collective, le climat pourrait jouer le rôle de variable d’ajustement : « L'influence du climat et des conditions météorologiques sur les taux d'infection devrait devenir plus évidente au fur et à mesure que l'immunité croissante fera évoluer l’épidémie sous forme de phases endémiques ».
Les variants, de nouveaux facteurs critiques : le modèle de Princeton cherche ainsi à ajuster le rôle de nombreux facteurs possibles sur la trajectoire de l'épidémie : l'immunité tant naturelle que vaccinale devrait ainsi jouer un rôle croissant tout comme les facteurs climatiques aux effets actuels encore marginaux. Devront bien évidemment être pris en compte les nouveaux facteurs critiques que sont les variants émergents du virus, ainsi que la façon dont les efforts pour contenir le coronavirus ont modifié la propagation d'autres maladies.
A noter également, l’effet de l’interaction entre certaines mesures barrières comme le port du masque et l'immunité une interaction qui « deviendra encore plus complexe avec le déploiement de différents vaccins et la circulation de nouvelles variantes virales ».
Il est donc essentiel de disposer de modèles permettant d’ajuster au mieux l'impact de multiples variables pour la surveillance virale et immunitaire.
Source: Nature Communications 8 Feb, 2021 DOI: 10.1038/s41467-021-20991-1 Assessing the influence of climate on wintertime SARS-CoV-2 outbreaks
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