Pourquoi faut-il pratiquer régulièrement l’exercice physique pendant cette période de pandémie, d’isolement ou de confinement ? A la fois pour « travailler son immunité », rester de bonne humeur et protéger sa santé mentale, mais aussi pour réduire les multiples risques de maladies chroniques liés à une sédentarité et des apports alimentaires en moyenne plus élevés. C'est une nouvelle étude de la São Paulo Research Foundation (FAPESP) qui conclut, dans la revue Frontiers in Endocrinology que le manque d'exercice physique pendant le confinement lié au COVID-19 pourrait entraîner une augmentation considérable de la mortalité, en particulier chez les personnes souffrant de comorbidités dont le diabète.
Il s’agit à la fois d’un article de synthèse de la littérature et d'une analyse préliminaire de données d'une enquête internationale. Cette étude conclut à la fois à une réduction de 35% des niveaux d'activité physique et à une augmentation de 28% des comportements sédentaires dans les premiers mois de confinement imposés par la pandémie.
Car si la distanciation sociale et le travail à domicile aident à prévenir la transmission du nouveau coronavirus, ces mesures favorisent aussi des comportements malsains tels que la réduction de la marche, le recours au « click and collect » et à la restauration rapide, le temps d’écran et passé assis ou allongé sur un canapé. C'est donc une augmentation des comportements sédentaires avec des conséquences considérables en Santé publique : ainsi, la réduction de l'activité physique observée au cours des premiers mois de la pandémie pourrait entraîner une augmentation annuelle de plus de 11 millions de cas de diabète de type 2 et 1,7 million de décès.
Recommander et favoriser de toute urgence la pratique de l'exercice physique,
c’est le signal d’alarme tiré par les chercheurs brésiliens : « les études montrent de manière concordante que le diabète est corrélé à un risque plus élevé de développer la forme sévère de COVID-19 et de décès, si la maladie n'est pas contrôlée. D'autres études montrent que les différentes mesures de distanciation ont considérablement réduit la pratique de l’activité physique, augmenté les comportements sédentaires et diminué la qualité nutritionnelle.
Notre article est un avertissement sur les conséquences dramatiques de ces tendances »,
explique Emmanuel Gomes Ciolac, professeur d'éducation physique et co-auteur de cet examen, avec Isabela Roque Marçal, chercheur à l'UNESP et la FAPESP.
Ces conclusions sont notamment issues de l’analyse préliminaire des données des 1.000 premiers répondants d'une enquête internationale en ligne menée par un groupe de 35 instituts de recherche sur plusieurs continents :
- le niveau d'activité physique a diminué de 35% dans les premiers mois de la pandémie,
- la sédentarité a augmenté de 28,6%,
- enfin, l’analyse de données de précédentes études aboutit à une estimation des effets d’un tel manque d'activité physique soit quelque 33 millions de cas de diabète de type 2 en 2019 et 5,3 millions de décès en 2018.
- Sur la base des données de la période précédant la pandémie, la prévalence actuelle de l'inactivité physique (ne pas faire le minimum d'exercice recommandé) atteint 57,3% chez les plus de 40 ans en général et 57,7% des personnes déjà à risque de diabète en raison d’autres facteurs ;
- le manque d'exercice pourrait ainsi être considéré comme responsable de 9,6% des cas de diabète (11,1 millions) et de 12,5% des décès toutes causes confondues dans le monde (1,7 million).
Quelles options ? Faire de l'exercice à la maison et autour de la maison ! Dans de nombreux pays il reste possible de marcher ou de faire un jogging sans trop s’éloigner de son domicile. Les chercheurs rappellent les directives, soit au moins 150 minutes d'exercice aérobie modéré ou 75 minutes d'exercice aérobie vigoureux par semaine pour les adultes âgés de 18 à 64 ans et la recommandation de se lever toutes les 30 minutes environ pour se dégourdir les jambes et faire un exercice léger.
« Le confinement ne devrait pas empêcher la pratique d’une activité physique plus intense »,
ajoutent les auteurs qui exhortent les plus frileux à suivre des programmes d'exercice en ligne, à la maison.
Améliorer le tonus musculaire, tels que des redressements debout-assis, des pompes, des squats en plus des exercices d'aérobie qui peuvent être effectués en toute sécurité à proximité de la maison, comme la marche, le jogging et le cyclisme reste le meilleur moyen de prévenir la vague déferlante de diabète qui se profile aussi avec la pandémie.
Source: Frontiers in Endocrinology October 2020 DOI: 10.3389/fendo.2020.584642 The Urgent Need for Recommending Physical Activity for the Management of Diabetes During and Beyond COVID-19 Outbreak
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