Plus de 47% des adultes de 30 ans et plus souffrent d'une forme de maladie des gencives. Mieux comprendre comment les pathogènes se développent pour coloniser la gencive pourrait permettre de prévenir la parodontite. Ces travaux, publiés dans l’ISME Journal, montrent que les bactéries responsables des infections des gencives dont la gingivite et la parodontite, empruntent des molécules de croissance aux bactéries voisines, qui peuvent être, au demeurant, de « bonnes » bactéries. C’est la démonstration de cette équipe de chirurgiens-dentistes de l'Université de Buffalo va permettre peut-être à terme de freiner la prévalence croissante de ces maladies.
Le mode d’action des « mauvaises » bactéries buccales et le mécanisme qui lie les maladies des gencives aux maladies cardiaques et à d'autres conditions inflammatoires sont de mieux en mieux documentés, et si la recherche suggère aujourd’hui dans ces corrélations une activation « excessive » des cellules immunitaires, plus globalement, la santé bucco-dentaire est considérée de plus en plus comme un indicateur et un facteur important de la santé globale. Cette nouvelle étude montre que ces pathogènes des gencives recrutent d’autres bactéries pour prospérer, coloniser la gencive et entraîner dans certains cas d’autres pathologies.
Comprendre comment P. gingivalis colonise la bouche et attaque les gencives
Le corps humain présente aussi de bonnes bactéries. Cependant, certains de ces micro-organismes, tels que la bactérie Veillonella parvula, peuvent être trop gentils. Ces bonnes bactéries s'engagent ainsi dans une relation unilatérale avec le pathogène Porphyromonas gingivalis, qui contribue à donner à la « mauvaise » bactérie les moyens de se multiplier et de provoquer des maladies des gencives. Le pathogène est en effet incapable de produire ses propres molécules de croissance jusqu'à ce qu'il atteigne un certain niveau de concentration dans le microbiome oral.
Le pathogène P. gingivalis emprunte des molécules de croissance à V. parvula, une bactérie commune mais inoffensive et dont la croissance ne dépend pas de sa concentration. Dans une bouche saine, P. gingivalis constitue une toute petite communauté bactérienne du microbiome oral et ne parvient pas à se répliquer. Mais V. parvula peut quant à elle se multiplier et produire suffisamment de molécules de croissance pour stimuler la reproduction de P. gingivalis. C’est ce que démontre cette étude qui a testé les effets des molécules de croissance exsudées par les micro-organismes dans la bouche sur P. gingivalis, dont les molécules exsudées par 5 espèces de bactéries. Parmi les bactéries examinées, seules les molécules de croissance sécrétées par V. parvula semblaient favoriser la réplication de P. gingivalis. Lorsque V. parvula est éliminée du microbiome, la croissance de P. gingivalis est stoppée. Cependant, la simple présence de V. parvula n'apparait pas suffisante pour stimuler P. gingivalis.
Cibler V. parvula pour éliminer P. gingivalis ? L’auteur principal, le Dr Patricia Diaz, professeur à la UB School of Dental Medicine, une spécialiste de la bactérie P. gingivalis explique que « cibler avec succès le pathogène accessoire V. parvula pourrait empêcher P. gingivalis de prospérer à des niveaux pathogènes ».
L’étude suggère enfin que que la relation est unidirectionnelle : « P. gingivalis et V. parvula interagissent à de nombreux niveaux, mais le bénéficiaire est P. gingivalis mais nous ignorons encore si les signaux produits par P. gingivalis et V. parvula sont chimiquement identiques ».
Source: The ISME Journal 28 December 2020 DOI : 10.1038/s41396-020-00865-y A cross-species interaction with a symbiotic commensal enables cell-density-dependent growth and in vivo virulence of an oral pathogen
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