Cette étude publiée dans le Morbidity and Mortality Weekly Report (MMWR) des US Centers for Disease Control and Prevention propose un premier bilan des effets de la quarantaine au départ fixée à 14 jours pour les contacts familiaux des patients index avec infection confirmée par le SRAS-CoV-2, et réduite aujourd’hui à 7 jours dans de nombreux pays. Ce rapport montre que si après une exposition au COVID-19 ou à un cas index, une période de quarantaine de 14 jours reste le moyen le plus sûr de prévenir la propagation, cette quatorzaine parfois difficile à observer peut éventuellement être réduite. Mais en prenant néanmoins certaines précautions.
Les chercheurs de la Vanderbilt University (Nashville) et du Marshfield Clinic Research Institute (Marshfield, Wisconsin) rappellent que parmi les personnes exposées au COVID-19 dans leur foyer qui étaient asymptomatiques et dont les résultats des tests de laboratoire étaient négatifs jusqu'à 7 jours après l'apparition des symptômes chez le patient index, 19% ont finalement présenté des symptômes ou ont reçu des résultats de test positifs la semaine suivante. Ainsi, si une quarantaine plus courte que 14 jours, après ce type d’exposition pourrait être plus simple à respecter, le risque de transmission est bien réel.
A minima, soutiennent les auteurs, ces personnes « libérées » avant 14 jours doivent continuer à éviter tout contact étroit et porter des masques jusqu'à 14 jours après leur dernière exposition.
10 jours de quarantaine minimum sans test ou 7 jours en cas de résultat négatif au test ?
Quelles sont les recommandations actuelles aux Etats-Unis ? Pour éviter une nouvelle transmission du SRAS-CoV-2, les CDC recommandent que les personnes qui ont été en contact étroit avec une personne infectée par le SRAS-CoV-2 doivent être mises en quarantaine pendant 14 jours après le dernier contact connu. Cependant, lorsque la quarantaine doit être raccourcie, pour des impératifs professionnels par exemple, 2 options sont alors envisageables pour réduire la durée de la quarantaine pour les contacts étroits sans symptômes, avec un minimum de risque :
Quels sont précisément les risques liés à une réduction de la quarantaine ? Cette analyse préliminaire des données d’une étude en cours sur la transmission à domicile du SRAS-CoV-2 permet de mieux cerner le taux d’infection chez des contacts familiaux après une période de quarantaine raccourcie. Les personnes qui étaient des contacts familiaux des patients index ont rempli un journal quotidien des symptômes et des échantillons respiratoires auto-collectés pendant 14 jours. Les échantillons ont été testés pour le SRAS-CoV-2. Parmi 185 contacts familiaux inscrits,
- 59% ont été détectés SRAS-CoV-2 positifs sur toute la durée de suivi (à 7, 10 et 14 jours);
- 76% des résultats des tests étaient positifs dans les 7 jours suivant la date d’apparition de la maladie du patient index,
- 86% des résultats des tests étaient positifs dans les 10 jours suivant la date d’apparition de la maladie du patient index.
- Parmi les contacts familiaux ayant reçu des résultats négatifs au test SARS-CoV-2 et asymptomatiques jusqu'au jour 7, la probabilité de rester asymptomatique et de recevoir un test négatif jusqu’au jour 14 s’élève à 81% ;
- Parmi les contacts familiaux ayant reçu des résultats négatifs au test SARS-CoV-2 et asymptomatiques jusqu'au jour 7, la probabilité de rester asymptomatique et de recevoir un test négatif jusqu’au jour 10 s’élève à 94% ;
- Parmi les contacts familiaux ayant reçu des résultats négatifs au test SARS-CoV-2 et asymptomatiques jusqu'au jour 10, après avoir exclu des contacts familiaux infectés avec une possible transmission tertiaire, la probabilité que le contact reste asymptomatique avec des résultats négatifs au test RT-PCR jusqu'au jour 14 est de 95%.
Il existe donc bien un risque de transmission des contacts familiaux libérés avant le 14e jour.
En résumé, un contact familial sur 5 peut devenir symptomatique ou recevoir des résultats positifs au test SRAS-CoV-2 RT-PCR entre le 7è et le 14è jour, ce qui suggère que, par rapport à l'absence de quarantaine, réduire la quarantaine à <14 jours, permet de diminuer mais pas d’éliminer totalement le risque.
La France, la Belgique et certains états des États-Unis ont raccourci la période de quarantaine pour les personnes exposées à une personne atteinte de COVID-19 de 14 jours à 10 ou 7 jours, mais on est donc en droit de craindre que le raccourcissement de la quarantaine pour toutes les personnes exposées puisse augmenter la communauté transmission. Les études de modélisation suggèrent que la combinaison d'une quarantaine plus courte avec un test de diagnostic à la fin, pour détecter les infections asymptomatiques ou présymptomatiques, pourrait laisser passer un risque résiduel de transmission, mais pourrait tout de même constituer une bonne alternative à une période de quarantaine de 14 jours.
Ainsi, ces experts suggèrent qu’en cas de contact avec un cas index au foyer, pour minimiser le risque potentiel de propagation en cas de quarantaine raccourcie, il est donc conseillé de :
- faire un test PCR
- maintenir toutes les mesures de distanciation, y compris au domicile,
- porter un masque en compagnie d'autres personnes pendant le reste des 14 jours.
Une quarantaine de 14 jours de tous les contacts étroits d'une personne atteinte du COVID-19, reste en effet la stratégie la plus efficace pour réduire la propagation du COVID-19.
Source : Morbidity and Mortality Weekly Report (MMWR) -CDC- January 1, 2021 DOI : 10.15585/mmwr.mm695152a1 Implications of Shortened Quarantine Among Household Contacts of Index Patients with Confirmed SARS-CoV-2 Infection — Tennessee and Wisconsin, April–September 2020
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