On parle plus souvent de température ou d’humidité lorsqu’on modélise l’évolution de la circulation du nouveau coronavirus SARS-CoV-2. Les scientifiques de la Harvard John A. Paulson School of Engineering and Applied Sciences résument plutôt la situation ainsi : la saisonnalité des UV influe sur la propagation du COVID mais pas autant que la distanciation sociale. Ces travaux, présentés dans les Actes de l’Académie des Sciences américaine (PNAS) confirment un hiver compliqué mais peut-être un été un peu plus léger.
Ce n’est pas la première étude à suggérer que les variations naturelles du rayonnement ultraviolet (UV) influencent la propagation du COVID-19, mais l’étude précise aujourd’hui que cette influence est modeste par rapport aux mesures préventives telles que la distanciation physique, le port de masque et la quatorzaine. En résumé il faut poursuivre les efforts de prévention et attendre patiemment l’été.
Comprendre la saisonnalité de la transmission du COVID-19 pour améliorer notre réponse à la pandémie
C'est l'objectif de l’auteur principal, Jonathan Proctor, chercheur postdoctoral à la Harvard Data Science Initiative : « nos résultats suggèrent que l'incidence du COVID-19 peut suivre un modèle saisonnier et se propager plus rapidement en hiver quand il fait plus sombre qu'en été ». Cette analyse des données quotidiennes de circulation du virus et des données météorologiques de plus de 3.000 régions de plus 170 pays, conclut que :
- la propagation du COVID-19 en population est plus faible dans les semaines suivant une exposition plus élevée aux UV.
La saisonnalité du COVID-19 est restée un mystère : on a toujours su pourtant que les UV pouvaient jouer un rôle. On sait notamment que les espèces apparentées de coronavirus telles que le SRAS et le MERS sont sensibles aux rayons UV et des études récentes en laboratoire montrent que les UV inactivent le SRAS-CoV-2 sur les surfaces contaminées.
Les tentatives pour comprendre l'influence des UV dans le monde réel ont cependant été limitées par l’absence de données et la difficulté d'isoler les variables climatiques des autres facteurs de transmission.
Pour tester un signal environnemental dans le bruit de la pandémie, l'équipe a compilé et « nettoyé » les données des agences statistiques du monde entier. Pour éviter les facteurs de confusion possibles, qui diffèrent d'une région à l'autre, l'équipe a examiné comment la transmission au sein d'une population particulière changeait en fonction des variations de la lumière du soleil, de la température, des précipitations et de l'humidité subies par cette même population. L’objectif était de « comprendre si les fluctuations quotidiennes des conditions environnementales affectent, au sein d’un groupe de population, le nombre de nouveaux cas de COVID-19 jusqu'à 2 semaines plus tard ».
Une relation forte entre les UV et le COVID-19 : l’analyse confirme que les changements d'UV entre l'hiver et l'été entraînent une diminution de 7 points de pourcentage du taux de croissance du COVID-19 en moyenne dans l'hémisphère nord, soit environ la moitié du taux de croissance quotidien moyen au début de la pandémie. Ainsi, le COVID-19 suit bien un modèle saisonnier en raison des changements dans les UV, cependant la saisonnalité complète du COVID-19 reste incertaine en raison de l’influence possible mais encore incertaine d'autres facteurs environnementaux tels que la température et l'humidité.
« Nous sommes convaincus de l'effet UV, mais ce n'est qu'un des facteurs de la saisonnalité complète ».
Les influences environnementales, elles-mêmes un facteur parmi d’autres : les UV ne constituent qu’un des facteurs de la saisonnalité et les facteurs de la saisonnalité ne sont qu’un facteur parmi « tant d’autres » de la circulation du virus et de l’incidence de la maladie.
Il est donc peu probable que les UV seuls puissent arrêter la propagation du virus.
C’est ici que les politiques de distanciation sociale révèlent toute leur importance : quelles que soient les conditions météorologiques, des mesures supplémentaires semblent nécessaires pour ralentir la propagation.
« Il y a encore tellement de choses que nous ignorons sur la manière dont les facteurs environnementaux, à la fois directement et indirectement, à travers le comportement humain, influencent la propagation du virus. Mais une meilleure compréhension des influences environnementales sur le COVID-19 pourrait permettre un ajustement saisonnier des politiques de confinement et des stratégies de vaccination ».
Source: PNAS anuary 5, 2021 DOI : 10.1073/pnas.2012370118 Global evidence for ultraviolet radiation decreasing COVID-19 growth rates
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