Cette analyse de retour d’expérience britannique, présentée dans le Journal of the Royal Society of Medicine suggère de reprendre le principe du pooling ou tests groupés pour « rectifier » le système de test, de tracing et d'isolement des cas. Au-delà de nous faire prendre conscience de problématiques similaires dans les autres pays « européens », cet article de perspective de chercheurs en Santé publique de l'University College London et de la London School of Hygiene & Tropical Medicine remettent le pooling à l’ordre du jour. Un principe déjà évoqué, au début de la mise en œuvre des tests PCR mais peu appliqué en pratique.
De quoi s’agit-il ? De la mise en commun avant le test, d’échantillons sanguins prélevés chez plusieurs voire des groupes de personnes. Ce « cocktail » d’échantillons en provenance d’un certain nombre d’individus permet de diagnostiquer la présence du virus SARS-CoV-2 au sein de ce groupe. C’est donc un moyen possible pour à la fois passer à un dépistage de masse mais aussi à un traçage plus fin en retestant individuellement les participants d’un pooling testé positif. Lorsque le taux d'infection est faible et que seules quelques personnes sont infectées, les tests en pool peuvent augmenter ainsi considérablement la capacité de test et permettre d’identifier des cas index « disséminés » et asymptomatiques. Enfin, la technique semble tout à fait appropriée à des tests réguliers en EHPAD.
Tester largement, intelligemment et en un laps de temps relativement court.
Ici, ces experts britanniques soutiennent le passage au pooling et affirment que les tests groupés permettraient d’augmenter considérablement la capacité de test et de tester intelligemment en un laps de temps relativement court. La technique permettrait en particulier de mieux détecter les personnes asymptomatiques. Plusieurs pays, dont la Chine, les États-Unis, l'Allemagne, le Portugal, la Nouvelle-Zélande, le Rwanda, l'Uruguay, Israël et le Vietnam, ont déjà utilisé le pooling dans l’objectif d’augmenter leur capacité de test et de réduire la pression sur les ressources d’analyse biologique (opérateurs, laboratoires, réactifs).
Le pooling oui, mais suffisamment tôt : les chercheurs soulignent qu’au fur et à mesure que les taux de positivité augmentent, la mise en commun d’échantillon devient moins efficace car davantage d'échantillons doivent ensuite être testés (à l’intérieur d’un pool testé positif) : « Nous sommes sur le point de rater cette fenêtre d'opportunité en Angleterre alors que pour l'instant encore, la mise en commun reste encore plus efficace à détecter les cas asymptomatiques, en particulier chez les professionnels de santé (d’un établissement ou d’un service) ».
Un autre type de pooling consiste à analyser les eaux usées, rappellent également les auteurs, qui lorsque testées positives vont permettre de localiser les clusters de cas. Cependant ce système d'alerte précoce n’est pas encore mis en œuvre dans de nombreuses régions.
Les auteurs appellent de toute urgence, -en Angleterre- à un investissement majeur et rapide en équipes de tracing sur le terrain, à l’organisation de poolings, et au traçage rétrospectif de clusters , comme on l'a vu dans plusieurs pays qui ont eu le plus de succès, comme le Japon, la Corée du Sud et l'Uruguay.
« Nos recommandations sont réalisables, ne nécessitent pas de sacrifice individuel supplémentaire et auraient probablement un impact significatif sur la réduction du nombre de cas et des conséquences économiques associées à la pandémie ».
Source: Journal of the Royal Society of Medicine October 15, 2020 DOI : 10.1177/0141076820965533 Fixing England’s COVID-19 response: learning from international experience
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