Cette étude d’une équipe de l’University of California, Irvine révèle la nette augmentation des problèmes de santé mentale liés au COVID-19 au fur et à mesure du développement de la pandémie. Parmi les résultats, présentés dans la revue Science Advances, ressort l’exposition très élevée aux médias, avec des informations parfois très contradictoires.
La pandémie COVID-19 est un facteur de stress collectif qui perdure au fil du temps, cependant les études longitudinales et rigoureuses sur ses conséquences sur la santé mentale sur de grands ensembles de populations restent rares. En effet, la communauté scientifique s'est largement concentrée sur la compréhension et le traitement de COVID-19 et peu de recherches ont examiné la crise de santé mentale qui accompagne les symptômes physiques de la maladie.
L’exposition à des informations contradictoires sur le COVID-19 dans les médias génératrice de stress
Cette équipe a donc évalué durant la période de mars et avril 2020, une période d’incidence croissante de cas et de décès liés à la maladie, la prévalence du stress aigu, des symptômes dépressifs en égard de l’exposition au virus, dans 3 échantillons représentatifs suivis sur 3 périodes consécutives de 10 jours, regroupant au total plus de 6.500 cas COVID-19.
Cette analyse montre :
- Une augmentation significative du stress aigu et de la dépression parallèle à l’augmentation des décès liés au COVID-19 ; Le stress aigu a augmenté dans les 3 cohortes, la cohorte 1 rapportant un stress aigu significativement plus faible que les cohortes 2 et 3, et la cohorte 3 rapportant un stress aigu significativement plus élevé que la cohorte 2 ;
- les symptômes dépressifs ont également augmenté avec le temps, la cohorte 3 rapportant significativement plus de symptômes dépressifs que les cohortes 1 ou 2 ;
- Les principaux facteurs identifiés comme liés à cette incidence du stress et des symptômes dépressifs sont :
- les diagnostics préexistants de problème de santé mentale et physique, ce qui confirme l’effet « aggravant » de COVID-19 sur un état de santé physique et mentale fragile ;
- des facteurs de stress secondaires tels que la perte d'emploi et de salaire ;
- le nombre d’heures quotidiennes d'exposition aux médias liés au COVID-19 : les participants ont déclaré « consommer »
en moyenne 7 heures de couverture médias sur l'épidémie par jour !
- l’exposition à des informations contradictoires sur le COVID-19 dans les médias : ce qui suggère une responsabilité des médias et des intervenants ;
- enfin, si l'exposition personnelle au COVID-19, comme un test positif ou le diagnostic d'un ami proche ou d'un membre de la famille est associée à des symptômes d'anxiété et de dépression accrus, ce n’est pas le cas de l'exposition au niveau communautaire. 23,5% des participants ont déclaré avoir été ou l’un de leurs proches exposés au COVID-19. 29,8% avoir été exposés au travail ;
- globalement, l’analyse suggère que le risque personnel de contamination est bien plus générateur de stress que les perturbations de la vie quotidienne induites par la pandémie.
Ces données doivent être prises en compte par les politiques et les médias, explique l’auteur principal, Alison Holman et ses collègues qui appellent à des interventions de santé mentale publique ciblées.
Source : Science Advances 18 Sep 2020 DOI: 10.1126/sciadv.abd5390 The unfolding COVID-19 pandemic: A probability-based, nationally representative study of mental health in the U.S
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