Plus de 100 millions de personnes dans le monde souffrent d'arthrose, une condition liée au vieillissement, en particulier chez les femmes. Pourtant, les options thérapeutiques font défaut. Cette nouvelle approche du traitement de l'arthrose, par une équipe du NYU Langone Health, laisse espérer un véritable progrès : en effet l’approche exploite un mécanisme naturel ou plus précisément une molécule, l’ « ATP » ou adénosine triphosphate, une molécule qui qui fournit de l'énergie à la cellule et contribue à la croissance des tissus humains, dont le cartilage. Ces travaux, menés chez la souris et présentés dans les Scientific Reports, suggèrent qu’une injection d’ATP permet en effet une « repousse » du tissu cartilagineux.
L’étude est basée sur l’hypothèse selon laquelle les cellules animales et humaines transforment les sucres, les graisses et les protéines consommées en énergie, cette énergie étant à nouveau utilisée par les millions de cellules du corps. L’ATP, l’une des molécules clés qui permettent le stockage de cette énergie et ce métabolisme, est essentielle à la croissance des tissus humains, dont le cartilage. De précédentes recherches avaient montré que l’apport ou le maintien des niveaux d’adénosine, permettaient de « nourrir » aussi les cellules chondrocytes qui fabriquent le cartilage, et de prévenir ainsi l'arthrose chez des modèles animaux de la maladie.
Injecter de l'adénosine dans des articulations lésées
Cette nouvelle recherche a consisté à injecter de l'adénosine dans des articulations de rongeurs modèles de traumatisme, d’inflammation ou de pression articulaires, entraînant des dommages articulaires similaires, selon les chercheurs, à ceux subis dans l'arthrose humaine. Les souris ont reçu 8 injections hebdomadaires d'adénosine. L’expérience montre :
- un taux de repousse du tissu cartilagineux compris entre 35 et 50% tel que mesuré par les scores de laboratoire standards ;
- la reconstitution des réserves d'adénosine par injection fonctionne de manière efficace comme traitement de l'arthrose chez les modèles animaux de la maladie, sans induire d’effets secondaires particuliers.
Certes, il faudra encore valider la thérapie par ATP chez l’Homme, cependant ces premiers résultats positifs d’une toute nouvelle approche ouvrent un grand espoir aux millions de personnes handicapées par la maladie. D’autant que les traitements disponibles, tels que l'acétaminophène et les inhibiteurs de la COX-2, dont le naproxène et l'ibuprofène ne traitent que les symptômes de douleur et d’autres comme l'acide hyaluronique ne font que « lubrifier » l’articulation. Il n’existe donc aucun traitement permettant de stopper la progression de la maladie ni d'inverser les dommages articulaires. Enfin, certains analgésiques, notamment les opioïdes peuvent être très addictifs.
Il s’agira enfin de développer, à partir de l’ATP un médicament pouvant être conservé en toute sécurité pendant des jours, voire des semaines, mener des études pré-cliniques chez des modèles animaux plus gros, avant de passer aux essais cliniques chez l’Homme.
De nombreuses pistes à l'étude : « Les patients souffrant d'arthrose ont désespérément besoin de nouvelles options de traitement avec moins d'effets secondaires. D’autres candidats sont en cours de développement dont l'hormone parathyroïdienne pour stimuler la croissance osseuse, les inhibiteurs du WNT pour bloquer la dégradation des os et du cartilage et des facteurs de croissance chimiques pour favoriser la croissance du cartilage ». Dans cette même étude, une voie de signalisation cellulaire, connue sous le nom de facteur de croissance transformant bêta (TGF-bêta) déjà documentée comme impliquée dans de nombreuses formes de croissance et de différenciation tissulaires, est également identifiée comme très active dans la réparation du tissu cartilagineux endommagé par l'arthrose.
L’étude ouvre ainsi le champ des possibles contre l’arthrose et laisse espérer une meilleure prise en charge de la maladie dans un proche avenir, avec de grands avantages pour la qualité de vie des personnes touchées mais aussi moins de remplacements articulaires et moins de douleur et decoûts de santé associés.
Source: Scientific Reports 10 August 2020 DOI : 10.1038/s41598-020-68302-w Intraarticular injection of liposomal adenosine reduces cartilage damage in established murine and rat models of osteoarthritis
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