Elle touche plus de 5 millions de personnes dans le monde. La drépanocytose, une maladie génétique qui touche l’hémoglobine, entraîne des symptômes sévères -dont une douleur chronique- qui impactent fortement la qualité de vie. Cette équipe de l’Université de Californie – Irvine (UCI) est parmi les premières à documenter, dans le JAMA Networlk Open, les promesses du cannabis pour contrôler la douleur chronique des personnes atteintes de drépanocytose.
La drépanocytose est la maladie génétique la plus répandue dans le monde. En raison d'une variante génétique, les globules rouges vont adopter une forme de « faucille » plutôt que la forme ronde typique. Ces cellules en forme de croissant sont collantes et bloquent le flux sanguin à travers les vaisseaux. La maladie se manifeste notamment par une anémie, une vulnérabilité aux infections, une mauvaise circulation sanguine et un manque d’oxygénation des tissus. Les principaux symptômes comprennent la fatigue, la douleur, des vertiges, un essoufflement. La greffe de moelle osseuse est une option qui ne réussit pas chez tous les patients, l'option thérapeutique la plus courante est donc la transfusion sanguine régulière. Mais à terme, les patients vont développer une réponse immunitaire contre le sang étranger et auront donc besoin de transfusions plus fréquentes.
Cette étude n’identifie malheureusement pas de nouvelle option thérapeutique, mais soutient que le cannabis pourrait être un traitement sûr et efficace pour contrôler la douleur chronique associée à la drépanocytose
Une nouvelle option contre la douleur drépanocytaire ?
Ici, il s’agit de cannabis inhalé et « il semble être généralement sans danger », explique l’auteur principal, le Dr Kalpna Gupta, professeur de médecine et spécialiste du cannabis à l'UCI. L’auteur confirme que « le cannabis pourrait être une alternative aux opioïdes et être un moyen de faire face à la crise actuelle ». Les opioïdes sont actuellement le principal traitement de la douleur chronique et aiguë, causée par la drépanocytose. Mais l'augmentation des décès associés aux opioïdes a incité les médecins à les prescrire moins fréquemment, ce qui laisse moins d'options aux drépanocytaires.
Cet essai randomisé en double aveugle, contrôlé vs placebo est le premier à utiliser une telle méthodologie pour évaluer le potentiel du cannabis dans le soulagement de la douleur chez ce groupe de patients. (Le cannabis utilisé dans l'essai a été obtenu auprès du National Institute on Drug Abuse NIAID/NIH- et contenait une proportion égale de THC et de CBD). L’essai a été mené avec 23 patients souffrant de douleur liée à la drépanocytose, invités à inhaler du cannabis vaporisé ou un placebo au cours de 2 hospitalisations de 5 jours. Les chercheurs ont évalué les niveaux de douleur des participants tout au long de la période de traitement et ont constaté que l'efficacité du cannabis semblait augmenter avec le temps. Au cours de la période d'étude, les participants rapportent en effet que la douleur interfère de moins en moins avec leurs activités et leur humeur et décline avec le temps.
Cependant si les niveaux de douleur s’avèrent généralement plus faibles chez les patients ayant reçu du cannabis vs placebo, la différence n'est pas statistiquement significative.
« La douleur incite de nombreuses personnes à se tourner vers le cannabis. Nous ignorons encore si toutes les formes de cannabis ont un effet similaire sur la douleur chronique. Le cannabis vaporisé et inhalé, que nous avons utilisé, pourrait être plus sûr que d'autres formes de cannabis car des quantités plus faibles atteignent la circulation sanguine. Cet essai devra être reproduit à plus large échelle mais il ouvre déjà la porte à cette alternative pour traiter la douleur chronique ».
Source: JAMA Network Open July 17, 2020 DOI :10.1001/jamanetworkopen.2020.10874 Effect of Inhaled Cannabis for Pain in Adults With Sickle Cell Disease
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