De nombreux détracteurs du masque mettent en avant son efficacité imparfaite, le non-respect du bon usage ou encore un sentiment excessif de sécurité au détriment de l’observance des autres mesures d’hygiène et de distanciation. Cette analyse d’une équipe de l’Université de Cambridge et du King's College de Londres, présentée dans la revue BMJ Analysis nous explique qu’il n’en est rien et soutient, à nouveau, le port du masque dans l’espace public.
C’est ce que les chercheurs appellent le concept de « compensation des risques »,
et ce concept semble peu adopté quand il s’agit de la pandémie COVID-19. Ceux-là mêmes qui respectent les recommandations de port du masque, n’éprouvent pas, selon la littérature existante, ce faux sentiment de sécurité et ne renoncent pas particulièrement à d'autres comportements de prévention tels qu'une bonne hygiène des mains. Un résultat rassurant alors que ce principe de compensation des risques serait désastreux en termes de santé publique.
« Il est temps de mettre fin à cette théorie »
Le port du masque, notamment dans les espaces publics fermés, est désormais obligatoire ou recommandé dans plus de 160 pays pour réduire la transmission du SRAS-CoV-2, le virus responsable du COVID-19. Portés correctement, il a été démontré que le masque permet de réduire la transmission du virus dans le cadre d'un ensemble de mesures, dont la distanciation et une bonne hygiène des mains. Si l’évaluation de l'effet du masque et des différents types de masques pourrait encore être précisée, les scientifiques ont poussé les décideurs politiques à encourager leur port car les risques sont minimes mais l'impact possible très important, en particulier dans le contexte de la pandémie COVID-19 dont la transmission est principalement aéroportée et aérosolisée.
Pas de phénomène de compensation des risques en Santé publique : sur ce faux sentiment de sécurité, évoqué dans le cas du masque vs COVID, par l’Organisation mondiale de la Santé même, pouvant conduire à négliger d'autres mesures essentielles telles que l'hygiène des mains, l’équipe montre, à partir de l’examen des données de la littérature sur le sujet, que si au niveau individuel, la compensation des risques est un phénomène courant, au niveau de la population générale les preuves de la compensation des risques sont moins évidentes :
- le port obligatoire du casque en vélo n’a pas entraîné une augmentation du nombre de chutes ou d’accidents, l'introduction de la prophylaxie pré-exposition au VIH (PrEP) et de la vaccination contre le HPV n’ont pas conduit à une augmentation des rapports sexuels non protégés.
Les revues systématiques les plus récentes ne justifient pas ce réflexe de compensation des risques en matière de santé. C’est même souvent l'effet inverse qui est trouvé : la recommandation d’une nouvelle mesure de prévention sensibilise encore un peu plus au risque prévenu.
Pas de compensation des risques avec le masque contre COVID-19 : au moins 22 revues systématiques ont évalué l'effet du port d'un masque sur la transmission des infections virales respiratoires. Celles-ci comprennent :
- 6 études expérimentales, impliquant plus de 2.000 foyers au total, menées en contexte communautaire et évaluant également l'hygiène des mains. L’analyse des données suggère que le port de masques ne réduit pas la fréquence du lavage ou de la désinfection des mains. Tout au contraire, les taux autodéclarés de lavage des mains s’avèrent plus élevés dans les groupes porteurs de masques.
- 3 études observationnelles suggérant que l’on a tendance à s'éloigner de ceux qui portent un masque, ce qui suggère que le port du masque induit un réflexe de distanciation. Cependant, ces études n'ont pas été évaluées par des pairs.
« Il est donc temps de mettre fin à la théorie de la compensation des risques en ce qui concerne le port du masque contre le SARS-CoV-2 », concluent les chercheurs.
Source: BMJ Analysis 27 July 2020: DOI: 10.1136/bmj.m2913 Is risk compensation threatening public health in the covid-19 pandemic?
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