Le cannabis à usage thérapeutique fait, avec sa légalisation croissante, l’objet de recherches médicales dans de nombreux domaines. Son constituant non-psychoactif, le cannabidiol (CBD), a démontré au fil des études ses effets anti-oxydants et anti-inflammatoires sur différents modèles de maladie, et sa capacité à soulager la douleur et la spasticité chez l'Homme. Cependant, ses effets sur l'humeur, contre le stress social, l'anxiété, les troubles du sommeil, et d’autres troubles psychotiques restent encore peu documentés. Des preuves plus récentes suggèrent néanmoins des effets positifs, avec une inconnue de taille, quel dosage, quelles interactions.
Le cannabidiol (CBD), l’un des 2 principaux cannabinoïdes du cannabis, n’entraîne, au contraire du THC (delta-9-tétrahydrocannabinol) aucun effet psychoactif. Cependant, faisant partie des composés actifs majeurs du cannabis, il « obéit » à la réglementation française concernant le cannabis. Avec un certain « flou » autour de la commercialisation de certaines variétés de cannabis, dépourvues de propriétés stupéfiantes : ainsi, l'article R. 5181 du Code de la Santé publique précise que « sont autorisées la culture, l'importation, l'exportation et l'utilisation industrielle et commerciale (fibres et graines) des variétés de Cannabis sativa répondant à un certain nombre de critères, dont une teneur en delta-9-tétrahydrocannabinol < 0,20 % (1). La Mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives (MILDECA) précise également les conditions, cumulatives, permettant une dérogation au principe d’interdiction (2). Quelques sites spécialisés dans la vente de produits à base de cannabidiol s’engagent ainsi à respecter la législation en vigueur.
Enfin, le CBD est aujourd’hui bien documenté comme un principe actif thérapeutique, à la base de médicaments disposant d’une AMM en Europe, dont Epidyolex® pour le traitement de certaines formes sévères d’épilepsie et Sativex® indiqué dans le traitement de la sclérose en plaques (SEP) réfractaire (3).
Un potentiel thérapeutique prometteur pour les troubles anxieux multiples
C’est dans l'ensemble, ce que suggèrent les preuves actuelles, avec néanmoins la nécessité -et la difficulté chez l’Homme- de poursuivre les recherches.
- Une méta-analyse toute récente (4), s’est concentrée sur la capacité du cannabidiol à réduire le stress et l’anxiété sociale. Cette analyse des données de plus de 120 études apporte des preuves principalement positives pour son utilisation d'appoint dans de nombreux troubles et problèmes mentaux :
- le CBD semble efficace à réduire les niveaux de cortisol, l’hormone du stress -ici chez des utilisateurs de cannabis. Ces données révèlent un effet « amortissant » du cannabis sur le stress (4) ;
- des études de cas suggèrent que le CBD peut être bénéfique pour améliorer le sommeil, réduire le trouble de stress post-traumatique (SSPT) et les symptômes de TDAH (hyperactivité) (5, 6) ;
- des preuves précliniques existantes soutiennent l’efficacité du CBD dans le traitement (aigu) du trouble d'anxiété généralisée, du trouble panique, du trouble d'anxiété sociale, du trouble obsessionnel-compulsif et du trouble de stress post-traumatique (7, 8) ;
- l’effet antidépresseur du CBD, dans la durée, est également suggéré sur un modèle pré-clinique, et après l'administration d'une dose unique : le cannabidiol contribue à réparer les circuits neuronaux endommagés par la dépression et à augmenter les niveaux de facteur neurotrophique dérivé du cerveau (BDNF), au rôle clé dans la neurogenèse et la plasticité cérébrale (9).
Attention à ses risques pour les plus jeunes : alors qu’en cette période de COVID-19, le stress et l’anxiété ne touchent pas que les plus âgés, rappelons les multiples études sensibilisant aux dangers d’un usage chronique du cannabis à l’adolescence, avec, au contraire des bénéfices précédemment décrits, le risque de maladies psychiatriques ou de problèmes de santé mentale à l'âge adulte (10, 11). Aujourd’hui, on ne connait toujours pas précisément les effets des différents cannabinoïdes, THC et CBD, sur le cerveau en développement.
D’autant que demeure, quels que soient les produits proposés, à base de CBD ou de cannabis faiblement dosé en THC, la question des doses et des proportions très variables, non encore contrôlées, des différents principes actifs.
Biblio :
- Arrêté du 22 août 1990 portant application de l'article R. 5132-86 du code de la santé publique pour le cannabis
- MILDECA (Mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives) 2018 Cannabidiol (CBD) le point sur la législation
- ANSM Sativex® et Epidyolex®
- BMC Psychiatry 16 January 2020 Medicinal cannabis for psychiatric disorders: a clinically-focused systematic review
- Psychopharmacology August 2017 DOI: 10.1007/s00213-017-4648-z Blunted stress reactivity in chronic cannabis users
- The Permanente Journal 2019 DOI: 10.7812/TPP/18-041 Cannabidiol in anxiety and sleep: a large case series
- BMC SRCTN10334895 DOI: 10.1186/ISRCTN10334895 Cannabidiol for the treatment of patients at a high-risk of psychosis
- Neurotherapeutics 2015 Cannabidiol as a Potential Treatment for Anxiety Disorders
- Molecular Neurobiology 04 June 2018 Cannabidiol Induces Rapid and Sustained Antidepressant
- PNAS January 7, 2020 DOI : 10.1073/pnas.1920325116 Cannabis and the adolescent brain
- Biological Psychology Dec, 2018 DOI : 10.1016/j.biopsych.2018.07.024 Adolescent Δ9-Tetrahydrocannabinol Exposure and Astrocyte-Specific Genetic Vulnerability Converge on Nuclear Factor-κB–Cyclooxygenase-2 Signaling to Impair Memory in Adulthood
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