Les coronavirus émergents (CoV) resteront des menaces constantes de santé publique mondiale, écrivent ces experts de l’University of North Carolina at Chapel Hill. Ils nous proposent une synthèse lisible des multiples pistes et essais cliniques en cours contre les CoV. Mais alertent aussi contre nos interactions possibles et invasives avec les animaux sauvages qui pourraient favoriser de prochaines épidémies résistantes aux vaccins et antiviraux en cours de développement. Un état des lieux à consulter dans la revue Frontiers in Microbiology qui met en lumière à la fois les défis et les opportunités ouvertes par la crise actuelle COVID-19.
En effet, les développements en cours sont principalement axés sur les coronavirus respiratoires, dont le SRAS-CoV, le MERS CoV et le nouveau SARS-CoV-2. La pandémie COVID-19 a relancé finalement la recherche contre ces coronavirus, et dans un effort sans précédent, des centaines de milliers de chercheurs se sont engagés dans une course contre la montre pour développer des traitements, des vaccins et de meilleurs tests de diagnostic pour lutter contre COVID-19. Plus de 1.650 études ont déjà été publiées sur le sujet. 460 essais cliniques en cours sur COVID-19 sont aujourd’hui répertoriés sur la base américaine ClinicalTrials.gov.
Une vision complète sur les stratégies possibles contre le SRAS-Cov-2 et les coronavirus apparentés
Ici, les experts de l'Université de Caroline du Nord à Chapel Hill examinent les stratégies possibles contre le(s) coronavirus, dont non seulement SRAS-CoV-2 mais aussi ses proches cousins, le SRAS-Cov et le MERS-Cov. Ils réfléchissent également à la manière de contrer des souches encore inconnues qui émergeront inévitablement dans le futur. Dans cette optique élargie et d’avenir, parmi les approches passées en revues, ces experts sélectionnent les antiviraux (comme le remdesivir) et la thérapie génique parmi les plus prometteuses.
« Les coronavirus représentent une véritable menace pour la santé humaine et l'économie mondiale. Nous devons d'abord envisager de nouvelles contre-mesures pour contrôler le SRAS-Cov-2, puis la vaste gamme de virus zoonotiques à haut risque qui pourraient à l'avenir », explique l’auteur principal, le Dr Ralph Baric, Professeur d'épidémiologie, de microbiologie et d'immunologie à l'UNC Chapel Hill.
Ce spectre complet de stratégies nous est donc proposé dans « ce papier », avec, en première ligne, les stratégies vaccinales les plus prometteuses :
Les vaccins les plus performants seraient ceux qui ciblent le site de liaison du virus aux récepteurs des cellules hôtes, soit la protéine S du virus. Ces experts citent à nouveau les deux grandes voies de développement vaccinal, la voie traditionnelle des vaccins vivants atténués, inactivés et à base de sous-unités et la voie des vaccins à base d'ADN / ARN et à base de nanoparticules ou de vecteurs viraux. A ce stade, le principe d’un vaccin universel contre plusieurs coronavirus semble exclu, la séquence d'acides aminés de la protéine S étant très différente d'un coronavirus à l'autre (76 à 78% de similitude entre le SRAS-Cov et le SRAS-Cov-2).
Les antiviraux constituent un « maillon » essentiel du dispositif pharmacologique contre COVID-19, ne serait-ce que parce que le développement et les tests de nouveaux vaccins vont prendre « une à plusieurs années ». Les antiviraux à large spectre, tels que les analogues nucléosidiques, apparaissent ici efficaces : ces molécules imitent les bases du génome de l'ARN du virus et sont incorporés par erreur dans les chaînes d'ARN du virus en développement et bloquent ainsi le processus de copie.
Cependant, les coronavirus disposent d’une enzyme et d’un processus de « relecture » qui peut éliminer ces anomalies, c’est pourquoi de nombreux analogues de nucléosides ne fonctionnent pas bien. Le remdesivir semble pourtant faire exception.
La piste des thérapies dérivées du plasma sanguin de patients convalescents ayant récupéré ne doit pas être abandonnée, écrivent les chercheurs. « Une telle immunisation passive pourrait bien conférer une immunité à court terme ».
La thérapie génique : si les inhibiteurs des protéases humaines en passant par les modulateurs immunitaires tels que les hormones corticostéroïdes sont cités par les chercheurs, l'alternative la plus jugée la plus prometteuse jusqu'à la production du vaccin est la thérapie génique délivrée par un adénovirus (AAV). Cela impliquerait la livraison rapide et ciblée d'anticorps, d'immunoadhésines, de peptides antiviraux et d'immunomodulateurs dans les voies respiratoires supérieures, pour assurer une protection à court terme. Des traitements, écrivent les chercheurs « qui peuvent être développés, adaptés et testés en un mois » car ils ne comportent que 2 composants, le vecteur viral et l'anticorps.
« En théorie, une dose unique pourrait induire une réponse protectrice en une semaine et durable sur plus d'un an ».
Source: Frontiers in Microbiology 24 April 2020 DOI : 10.3389/fmicb.2020.00658 The Current and Future State of Vaccines, Antivirals and Gene Therapies Against Emerging Coronaviruses
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