De multiples pistes thérapeutiques sont poursuivies et testées par des équipes de recherche dans le monde entier. Cette équipe du Beth Israel Deaconess (Harvard, Boston) vient d’entamer un essai clinique pour évaluer un nouveau traitement possible contre la détresse respiratoire liée à COVID-19. Une piste à suivre, ici dans le Journal of Trauma and Acute Care Surgery, car des résultats positifs permettrait d’atténuer les effets de la pénurie mondiale de respirateurs pour les patients atteints des formes sévères de COVID-19. Enfin, la recherche apporte aussi une nouvelle observation : des patients atteints de détresse respiratoire associée à COVID-19 qui coagulent anormalement autour de leurs cathéters.
Alors que la majorité des personnes atteintes ne nécessiteront pas d'hospitalisation, 2 à 5% des patients vont développer un syndrome de détresse respiratoire aiguë lié à une lésion pulmonaire sévère. À l'heure actuelle, il n'existe aucun traitement efficace de la détresse respiratoire et la prise en charge consiste en soins de soutien avec ventilation mécanique. Les chercheurs estiment que des milliers d'Américains auront besoin d'une ventilation mécanique dans les prochains mois alors que seuls 200.000 ventilateurs sont disponibles aux États-Unis. Une pénurie de matériel observée dans la majorité des pays touchés.
L’espoir d’un anticoagulant courant pour le traitement de la détresse respiratoire associée à COVID-19
Cette équipe de médecins-scientifiques du Beth Israel Deaconess Medical Center (BIDMC) démarre un essai clinique sur un médicament anticoagulant courant, appelé tPA (Tissue plasminogen activator/ un activateur tissulaire du plasminogène), pour le traitement de la détresse respiratoire associée à COVID-19. Cet essai clinique fait suite à une précédente recherche de la même équipe qui suggérait déjà que ce médicament pouvait réduire le risque de décès chez les patients atteints de détresse respiratoire.
Libérer des ventilateurs pour les cas plus sévères : « Alors que COVID-19 a entraîné une saturation de la capacité médicale mondiale à prendre en charge les détresses respiratoires, il est essentiel d’identifier des médicaments déjà disponibles, permettant de faire face à cette urgence de santé publique sans précédent », résume l'auteur principal, le Dr Christopher D. Barrett, chirurgien au BIDMC et chercheur au MIT. « Si ce médicament se montre efficace et sûr pour le traitement de la détresse respiratoire associée à COVID-19, cela va nous permettre de sauver des vies en réduisant le temps de récupération et en libérant plus de ventilateurs pour les autres patients ».
Le tPA est un anticoagulant naturellement produit par l'organisme, approuvé par la Food and Drug Administration (FDA) en 1996 dans le traitement de la crise cardiaque, de l’accident vasculaire cérébral (AVC) et de l’embolie pulmonaire. Depuis 2 décennies, les chercheurs suggèrent l’intérêt des anticoagulants pour réduire les décès induits par les détresses respiratoires. Cette approche n'a cependant jamais été adoptée ou officiellement approuvée par l’Agence américaine.
Cependant, en pleine épidémie de COVID-19, les observations sont là :
« nous voyons des patients atteints de détresse respiratoire associée à COVID-19 qui coagulent anormalement autour de leurs cathéters.
Ces patients qui présentent une coagulation agressive pourraient tirer le plus d'avantages du traitement au tPA, et ce nouvel essai clinique nous dira si c'est le cas ».
L’essai clinique « tPA » est donc en cours et les prochaines étapes comprendront l'identification de biomarqueurs permettant, le cas échéant, de déterminer avec précision quels patients sont les plus susceptibles de répondre de manière positive au médicament.
Source: The Journal of Trauma and Acute Care Surgery March 20, 2020 DOI: 10.1097/TA.0000000000002694 Is There a Role for Tissue Plasminogen Activator (tPA) as a Novel Treatment for Refractory COVID-19 Associated Acute Respiratory Distress Syndrome (ARDS)?
Plus sur COVID-19
Laisser un commentaire