Pour réduire la fréquence de propagation des infections, il est important de travailler sur les matériaux de surface, que ce soit à l’hôpital pour les revêtements des lits de soin ou des dispositifs médicaux comme les cathéters et les tubes respiratoires, ou pour des objets du quotidien comme les claviers des smartphones ou des télécommandes. Cette équipe de l’University College London(UCL) s’est plus particulièrement penchée sur les infections liées aux soins (IAS) et sur les infections nosocomiales rencontrées à l’hôpital. Elle décrit, dans la revue Nature Communications, un nouveau revêtement antibactérien, qui éclairé par la lumière ambiante, devient bactéricide et prévient la formation des biofilms.
La plupart des infections rencontrées en milieu hospitalier sont liées aux bactéries Clostridioides difficile (C. difficile), Staphylococcus aureus résistant à la méthicilline (SARM) et Escherichia coli (E. coli). Ces infections surviennent généralement pendant un traitement médical ou chirurgical ou lors de la visite d'un établissement de soins. Elles constituent une menace grave et une priorité de santé publique-en France, on estime que les IAS touchent ainsi 1 patient hospitalisé sur 20.
La lumière ambiante suffit à « activer » le revêtement
C’est la première équipe à proposer un revêtement antimicrobien activé par la lumière qui tue avec succès les bactéries « sous » une lumière ambiante de faible intensité (300 Lux), comme celle trouvée habituellement dans les salles de soin ou d'attente. Jusque-là pour doter des revêtements d’une telle capacité antibactérienne, une lumière intense (3.000 lux), comme celle trouvée dans les salles d'opération était nécessaire.
Le nouveau revêtement bactéricide est constitué de minuscules grappes d'or chimiquement modifié incorporées dans un polymère comportant du cristal violet – un colorant aux propriétés antibactériennes et antifongiques. L’auteur principal, le Dr Gi Byoung Hwang explique que ce type de colorants est prometteur pour tuer les bactéries et garder les surfaces stériles et déjà largement utilisés pour désinfecter les plaies. Exposés à une lumière vive, ces colorants produisent des espèces réactives de l'oxygène, précisément du peroxyde d’oxygène qui tue les bactéries en endommageant leurs membranes protectrices et leur ADN. Ce pouvoir est encore amplifié lorsque ces colorants sont associés à des métaux tels que l'argent, l'or et l'oxyde de zinc. Les grappes d'or présentes dans le revêtement sont essentielles pour générer ce peroxyde d'hydrogène, sous l'action de la lumière et de l'humidité. Mais très peu d’or est nécessaire, précise l’auteur, le Pr Asterios Gavriilidis de (UCL Chemical Engineering).
La preuve d’efficacité : les chercheurs apportent la preuve, en inoculant des échantillons de revêtement avec 100.000 unités de formation de colonies (UFC) par ml de S. aureus et E. coli que leur revêtement est efficace pour tuer ces 2 bactéries sous lumière ambiante (entre 200 et 429 Lux), et pourrait donc être adopté avec de grands bénéfices dans de nombreux environnements de soin.
E. coli apparaît plus résistante au revêtement bactéricide que S. aureus, avec un délai plus long de réduction du nombre de bactéries viables à la surface. Ceci est sûrement lié à la double membrane cellulaire d’E. Coli, expliquent les scientifiques.
Source : Nature Communications 5 March 2020 Photobactericidal activity activated by thiolated gold nanoclusters at low flux levels of white light
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