La pollution de l'air nous brise le cœur, écrivent ces chercheurs de l'Université de Manchester, qui se sont intéressés à la fois à la santé humaine et marine. C’est donc une revue de la littérature un peu particulière qui nous est proposée ici dans le Journal of Physiology : l'analyse porte en effet sur les effets des « HAP » ou hydrocarbures sur la « santé de l’écosystème marin ». Cependant, elle reste très instructive pour la santé humaine : car les 2 systèmes, marin et humain, s’avèrent affectés par la pollution de manière presque similaire.
De très nombreuses études alertent sur les effets de pollution atmosphérique sur la santé humaine, notamment sur le risque accru de maladies cardiaques et d'accidents vasculaires cérébraux, mais également de troubles métaboliques et, en cas d’exposition in utero et à la petite enfance, sur un risque accru de troubles mentaux, neurologiques et comportementaux. Cette nouvelle recherche nous apprend que les connaissances accumulées sur les effets de la pollution sur les espèces marines peuvent être appliquées aux humains, car les mécanismes sous-jacents sont similaires. En d'autres termes, les connaissances acquises de l'écosystème marin pourraient nous aider à protéger la santé humaine.
La pollution atmosphérique provoque 800.000 décès supplémentaires par an en Europe et 8,8 millions dans le monde. Au moins 48% de ces décès sont liés à la maladie cardiovasculaire (cardiopathie ischémique et accident vasculaire cérébral). En cause notamment dans ces décès et ces maladies, les particules PM2,5 : actuellement, la limite annuelle moyenne de PM2,5 dans l'UE est de 25 µg / m3 (microgrammes par mètre cube) ce qui est 2,5 fois plus élevé que la recommandation de l'OMS, qui préconise 10 µg / m3.
La pollution affecte chacun des êtres vivant sur la planète Terre
HAP, PM et santé cardiaque : les chercheurs se concentrent ici sur un ensemble de composés qui se lient à la surface des PM, appelés hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP), la quantité de HAP sur les PM ayant été documentée comme associée à l'effet néfaste de la pollution atmosphérique principalement sur le cœur. Il se trouve que le mécanisme de la façon dont les HAP associés à la pollution provoquent des problèmes cardiaques est mieux compris chez les espèces marines. Les études aboutissent à une conclusion, en particulier : l'écosystème ne s'est toujours pas rétabli 20 ans plus tard, après la marée noire de l’Exxon Valdez (1999). Et les nombreuses équipes de recherche qui se sont penchées sur les effets de la marée noire sur la santé de l’écosystème marin, ont conclu, chez de nombreux organismes et animaux marins, à une réduction de la capacité du cœur à se contracter.
Du poisson à l’Homme ? L’auteur principal, le Dr Holly Shiels de l'Université de Manchester réagit ainsi à ces résultats : « la pollution affecte chacun d'entre nous vivant sur la planète Terre. En raison de la nature conservée de la fonction cardiaque chez les animaux, les poissons exposés aux HAP par les fuites d'hydrocarbures s’avèrent d’excellents indicateurs. Ils nous apportent des données précieuses sur les effets des HAP et de la pollution de l'air par les particules sur la santé humaine ». Un des co-auteurs de l'étude, le Dr Jeremy Pearson, directeur médical associé à la British Heart Foundation, ajoute : « Nous savons que la pollution de l'air peut avoir un effet extrêmement néfaste sur la santé cardiaque et circulatoire, et cette revue de la littérature résume les mécanismes susceptibles de contribuer à cette altération de la fonction cardiaque ».
Avec des données très instructives aussi pour la santé humaine.
Source: The Journal of Physiology 15 December 2019 DOI : 10.1113/JP278885 Polyaromatic hydrocarbons in pollution: A heart‐breaking matter
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