A-t-on réellement plus envie d’aliments riches en graisses et en calories après une nuit blanche ? Et si oui, pourquoi ? Cette étude de la Northwestern Medicine nous répond et apporte quelques conseils. Ces explications, présentées dans la revue eLife, contribuent à décrypter ce lien.
En cas de privation de sommeil, certaines personnes ont tendance à se nourrir d’aliments plus riches, de type malbouffe, ce qui contribue à la prise de poids. L’étude confirme les effets du manque de sommeil sur l’apport et les choix alimentaires en faveur d'options plus riches en énergie. Elle contribue à expliquer cette réponse alimentaire par une modification…du traitement olfactif. En fait, selon ces chercheurs, notre traitement neuronal serait lui-aussi épuisé après une nuit blanche. Et tout particulièrement le traitement neuronal des circuits olfactifs centraux, associé au système endocannabinoïde : en effet le manque de sommeil semble modifier les préférences alimentaires en influençant les niveaux de molécules qui régulent la prise alimentaire. Ces modifications interviennent en particulier, dans le système endocannabinoïde, un réseau complexe de molécules du système nerveux contrôlant des processus biologiques tels que l'appétit et dont les effets importants sur la prise alimentaire ont déjà été documentés.
Ensuite, l'odorat joue un rôle indéniable dans nos choix alimentaires. Des expériences récentes indiquent que chez les rongeurs, les endocannabinoïdes régulent la consommation de nourriture en influençant l'activité des zones du cerveau qui traitent les odeurs. Cependant, il faudra confirmer que ces zones jouent un rôle similaire chez les humains.
Enfin, ces effets sur le comportement alimentaire ont précédemment été liés à des modifications de certains composés régulant l'appétit, notamment la ghréline, la leptine mais aussi les endocannabinoïdes.
Après une nuit blanche, le nez est lui-aussi fatigué
Il ne parvient plus à communiquer avec les zones du cerveau qui contrôlent les choix alimentaires
Une nuit blanche et une préférence pour des choix alimentaires plus riches : m’équipe teste ici l’impact d’une nuit de sommeil de 4 heures chez 25 participants volontaires en bonne santé. Les analyses de sang montrent qu'après une nuit écourtée, ces sujets présentent une augmentation des quantités de 2-oléoylglycérol, une molécule faisant partie du système endocannabinoïde. Et lorsque les chercheurs laissent à ces participants le choix de manger ce qu'ils souhaitent, avec des niveaux plus élevés de 2-oléoylglycérol, leur choix se porte toujours vers des aliments riches en énergie. Enfin, l’imagerie cérébrale confirme qu’en cas de privation de sommeil, la zone de traitement des odeurs appelée le « cortex piriforme » code ou s’active plus fortement.
2 zones clés, le cortex piriforme et l’insula : le cortex piriforme est connecté à l’insula, une zone qui participe au contrôle de l’apport alimentaire. Le manque de sommeil vient modifier cette connexion de manière à favoriser cette préférence pour les aliments riches en énergie. Les modifications des niveaux de 2-oléoylglycérol s’avèrent également liées à ces modifications de connexion entre ces 2 zones clés du cerveau. Pris ensemble, ces résultats suggèrent que la privation de sommeil influe sur le système endocannabinoïde, ce qui modifie le lien entre le cortex piriforme et le cortex insulaire, et explique cette transition vers des aliments plus riches en calories.
La faute au système olfactif ? En synthèse, l’étude décrit 2 mécanismes après une nuit blanche, une hypersensibilité du cerveau aux signaux olfactifs et une perturbation de la connexion entre des zones qui régulent la prise alimentaire. Mais il est probable que bien d’autres mécanismes entrent en jeu dans ces choix alimentaires liés à la privation de sommeil (l’horloge biologique notamment)
Quelle solution ? Les auteurs suggèrent qu'en dehors de dormir davantage, il peut être utile de porter une attention accrue à la façon dont notre odorat infléchit nos choix alimentaires et faire parfois un détour pour éviter les fast-food…
Source: eLife Oct 8, 2019 DOI : 10.7554/eLife.49053.001 Olfactory connectivity mediates sleep-dependent food choices in humans
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