De nombreux patients restent réfractaires à ce traitement de stilulation cérébrale profonde, pourtant aujourd'hui documenté comme efficace, dans de nombreuses maladies neurologiques et chez une partie des patients réfractaires aux traitements standards. Ici, dans la prise en charge des formes sévères de la dépression, la stimulation cérébrale profonde, déjà évoquée, montre des résultats prometteurs, en particulier sur un suivi à long terme. Cette étude de l’École de médecine Mount Sinai (New York) publiée dans l'American Journal of Psychiatry révèle ainsi que cibler une zone cérébrale très spécifique entraîne un effet antidépresseur puissant et durable chez des patients souffrant de dépression résistante au traitement.
Cette nouvelle étude menée par le Dr Helen S. Mayberg, professeur de neurologie, neurochirurgie, psychiatrie et neurosciences, et directeur fondateur du Centre de thérapeutique avancée du Mont Sinaï valide de précédents travaux* menés par l’équipe de recherche et marque une étape permettant d’affiner et d’optimiser la stimulation cérébrale profonde pour ces patients.
La stimulation cérébrale profonde doit être envisagée comme un traitement de long terme de la dépression
Approuvée par l’Agence américaine Food and Drug Administration (FDA) pour traiter les tremblements essentiels, la maladie de Parkinson, l'épilepsie et les troubles obsessionnels compulsifs, la stimulation cérébrale profonde est une procédure neurochirurgicale impliquant le placement d'un neurostimulateur qui envoie des impulsions électriques à haute fréquence à travers des électrodes implantées au plus profond du cerveau, dans des zones spécifiques du cerveau responsables des symptômes de chaque trouble.
De premiers essais mitigés : *En 2005, le Dr Mayberg avait dirigé le premier essai de stimulation de la substance blanche du gyrus cingulaire, connue sous le nom de « Brodmann Area 25 », chez des patients souffrant de dépression réfractaire au traitement, avec des résultats cliniques positifs. Les essais cliniques qui ont suivi, ont, eux-aussi, donné des résultats tout aussi favorables. Cependant, en dépit de ces résultats encourageants, un essai randomisé multicentrique a été interrompu en raison de l'absence de réponse antidépresseur statistiquement significative au moment désigné pour cible, soit à 6 mois.
Mais un suivi des patients prometteur : l’équipe n’a pas pour autant abandonné ses recherches : si ces essais de grande envergure ont été arrêtés, l’équipe constatait toujours les bénéfices de la thérapie chez les patients des premiers essais. Avec le temps, les symptômes dépressifs continuaient à diminuer. Ainsi, au cours des 8 années de suivi, ces patients ont présenté une réponse antidépressive robuste et durable à la stimulation cérébrale profonde de la zone 25. Alors que les patients souffrant de dépression réfractaire au traitement sont très susceptibles aux épisodes dépressifs récurrents, ce maintien à long terme d'une réponse aux antidépresseurs suggérait une avancée thérapeutique. D’où cette nouvelle étude…
La nouvelle étude confirme ces données : elle documente les résultats à long terme (4 à 8 ans) de 28 patients atteints de dépression résistante au traitement et participant à un essai clinique sur la stimulation cérébrale profonde :
- sur les 28 participants, 14 ont été suivi au moins sur 8 ans, 11 sur 4 ans et 3 ont abandonné la fin du suivi ;
- les taux de réponse et de rémission sont maintenus à 50% et 30%, respectivement, pendant les années 2 à 8 années de suivi ;
- les trois quarts des participants répondent au critère de réponse : 21% d'entre eux présentent une réponse continue au traitement dès la première année ;
- l’analyse confirme l'innocuité à long terme et l'efficacité durable de la stimulation cérébrale profonde dans ces cas de dépression résistante au traitement.
Le principal atout, la durée de l'effet antidépresseur : si les essais cliniques sont généralement structurés de manière à comparer les traitements actifs et les traitements placebo à court terme, nos résultats de recherche suggèrent que le principal atout de la stimulation cérébrale profonde chez ce groupe de patients réside dans ses effets durables à long terme. « Pour les personnes souffrant de dépression résistante, l’alternative stimulation est prometteuse et peut permettre à long terme une réduction significative et durable des symptômes dépressifs sur plusieurs années ».
L’équipe se prépare actuellement pour la prochaine phase de cette recherche, désormais financée par la National Institutes of Health Brain Initiative. La prochaine étude va recruter des patients atteints de dépression réfractaire au traitement qui se verront implanter un nouveau prototype de stimulation permettant l'enregistrement simultané de l'activité cérébrale.
Des évaluations avancées d'imagerie, du comportement et physiologiques seront également effectuées régulièrement. L’étude va ainsi permettre aux scientifiques de surveiller la trajectoire de la récupération au fil du temps.
Source: The American Journal of Psychiatry 4 Oct 2019 DOI: 10.1176/appi.ajp.2019.18121427
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