Environ 25% des femmes qui souffrent d'une infection urinaire connaîtront une récidive de l’infection dans les 6 mois suivant l'infection initiale. Cette étude de cas de l’Université du Queensland (Australie) contribue à expliquer cette récurrence et aboutit à une découverte fortuite et intéressante : chez une patiente victime depuis 45 ans d’infections urinaires à répétition, l’analyse de l’ADN bactérien à chaque récidive de l’infection montre que la souche bactérienne est toujours la même et que son réservoir est dans l’intestin. Ces conclusions présentées dans la revue Nature Communications suggèrent, en cas d’infection urinaire récurrente, de traiter l’infection urinaire dans la vessie, mais d’éliminer aussi le réservoir bactérien dans l'intestin.
Ces résultats pourraient permettre d’améliorer le protocole de prise en charge des patients souffrant d'infections des voies urinaires récurrentes avec sans doute plus d’efficacité. L’implication est importante en regard de l’incidence élevée des infections urinaires, souligne l’auteur principal, le professeur Mark Schembri de la faculté de chimie et de biosciences moléculaires de l’Université du Queensland.
Eliminer les bactéries non seulement des voies urinaires, mais également du réservoir intestinal.
En collaboration avec des collègues de l'Université de l'Utah, les chercheurs australiens ont suivi cette patiente souffrant d’infections urinaires à répétition depuis 45 ans, avec des périodes d’infection pouvant durer jusqu’à 9 mois. Durant ces 45 années, la patiente a été traitée avec tous les antibiotiques disponibles, mais sans résultat.
Un réservoir bactérien commun : l’idée était d’utiliser l’analyse génétique pour préciser les souches bactériennes responsables et déterminer si elles provenaient d'un même réservoir bactérien. L'équipe de recherche a donc isolé la souche E. coli dans l'urine du patient à chaque épisode infectieux et en a séquencé l’ADN. L'analyse montre que les souches bactériennes responsables sont toutes identiques. Ces premiers résultats ont suggéré l’existence d’un réservoir bactérien commun et unique.
Un réservoir situé dans l’intestin : pour localiser le réservoir, les chercheurs ont recueilli des échantillons de selles et séquencé l'ADN de E. coli présente dans les selles du patient. Encore une fois, les chercheurs aboutissent à une souche identique, ce qui suggère que le réservoir persistant de E. coli, la source des infections, était bien dans l’intestin.
Traiter l’infection et traiter l’intestin : « Nous savons maintenant que les bactéries peuvent résider dans l'intestin pendant de très longues périodes et déclencher des infections urinaires récurrentes, en dépit du traitement antibiotique. Il est donc temps d'envisager l'utilisation d'antibiotiques non seulement pour traiter les infections urinaires dans la vessie, mais aussi pour éliminer le réservoir bactérien dans l'intestin », concluent les chercheurs.
« Si la même souche continue d'être identifiée, nous pourrions concevoir un traitement sur mesure pour éliminer les bactéries non seulement de l'urine du patient, mais également du réservoir intestinal. Un tel protocole permettrait une réduction de l'incidence des infections urinaires récurrentes, contre lesquelles il n'existe actuellement aucun traitement curatif efficace ».
Source: Nature Communications DOI: 10.1038 / s41467-019-11571-5 13 August 2019 Population dynamics of an Escherichia coli ST131 lineage during recurrent urinary tract infection (Visuel Université du Queensland)
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