Une étude récente avait déjà démontré que le cerveau compare les preuves entrantes à des perceptions concurrentes, amasse les preuves nécessaires pour faire un choix, jusqu’à une certaine limite, qui déclenche la prise de décision. Cette équipe de l’Université de Genève (UNIGE) confirme que notre cerveau ne choisit pas une proposition pour sa valeur intrinsèque, mais pour sa valeur comparative en regard des autres choix possibles. Ces travaux, présentés dans la revue Nature Neuroscience, contribuent à expliquer pourquoi certaines décisions complexes nécessitent plus de temps mais, avec au bout du compte, une sensation plus forte de récompense.
Les chercheurs du Département de neurosciences fondamentales de la Faculté de médecine de l'UNIGE rappellent 2 types de prise de décision, la décision fondée sur les informations sensorielles et la prise de décision subjective à faire entre plusieurs propositions. C’est parmi ces décisions subjectives, et lorsque les choix possibles doivent être évalués, que la prise de décision devient un processus complexe qui consiste à évaluer les différences entre les alternatives possibles.
Le temps de la décision : de 300 millisecondes à toute une vie !
L’équipe propose ici un modèle mathématique basé sur une stratégie optimale qui consiste « à faire la somme des valeurs associées aux souvenirs que l'on a de chaque choix, puis de calculer la différence qui existe entre ces deux sommes de valeurs ». Le cerveau opterait alors pour la proposition dont la valeur ajoutée d’une possibilité par rapport aux autres atteindrait une valeur seuil. Un processus qui exige du temps et donc qui contribue à expliquer que certaines décisions prennent du temps : lorsque 2 choix ont presque la même valeur, il nous faut plus de temps.
Et en cas de choix multiples ? les chercheurs nous expliquent : « la première étape est identique à celle d'un choix binaire, c'est-à-dire que l'on accumule les souvenirs pour chaque choix, afin d'estimer leur valeur cumulée. Ensuite la décision se base sur la différence entre la valeur cumulée de chaque choix et la valeur moyenne des valeurs cumulées sur tous les choix.
Et si plusieurs choix ont des valeurs similaires ? le temps de prise de décision très long : « Faire un choix simple peut prendre 300 millisecondes, mais un choix compliqué est parfois l'affaire de toute une vie ».
Ainsi, le cerveau « est bien fait ». Il ne prend pas de décision en fonction de la valeur propre à chaque possibilité mais en fonction de la différence de valeurs des possibilités. Comment le cerveau fait appel à la mémoire pour valoriser chaque choix possible, c’est l'objectif de prochaines recherches.
Source : Nature Neuroscience 05 August 2019 Optimal policy for multi-alternative decisions
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