La cachexie est un syndrome multifactoriel qui survient chez des patients atteints d'infections chroniques telles que le VIH, la tuberculose et le paludisme. On estime également que 50% à 80% des patients cancéreux sont atteints de cachexie. En raison de la diminution de l'apport alimentaire et d’un métabolisme altéré, les patients perdent involontairement du poids et de la force. Leurs réserves de graisse et leur masse musculaire squelettique s'épuisent progressivement, un processus qui ne peut être inversé par supplémentation nutritionnelle. La cachexie a de graves répercussions sur la qualité de vie et réduit considérablement les résultats des traitements en cours. En dépit de ce besoin clinique énorme, les normes de diagnostic et de prise en charge des patients cachectiques restent insuffisantes, tout comme les options de traitement.
De récentes études menées sur des modèles expérimentaux de cachexie associée au cancer ont permis d’améliorer la compréhension de la manière dont l'inflammation peut déclencher la cachexie et les altérations métaboliques associées. Ces études ont montré que les facteurs inflammatoires sécrétés peuvent induire une perte de poids par des mécanismes directs ou indirects qui affectent l'appétit et modifient le métabolisme des graisses et des muscles. Dans le contexte des maladies infectieuses, la connaissance de la cachexie reste très limitée, on ignore si les mécanismes en jeu pendant l’infection et le cancer sont identiques ou différents.
De l'infection virale chronique à la cachexie
L’équipe de l’Université de Graz et de l’Université de Vienne, avec des collègues d’Allemagne, de Suisse et des États-Unis, a découvert un mécanisme qui explique l’évolution de l'infection virale chronique à la cachexie. Les chercheurs décryptent notamment les modifications physiopathologiques de l'organisme associées à la cachexie au cours d'une infection virale chronique. Sur des modèles d'infection animale, les chercheurs identifient les principaux acteurs moléculaires responsables de la cachexie, notamment de la perte de poids qui ne peut s'expliquer que partiellement par une diminution de l'apport alimentaire. L’infection virale conduit à une réorganisation sévère de l’architecture du tissu adipeux coïncidant avec une activation de la lipolyse, une cascade moléculaire de processus utilisés par le corps pour « fondre » ses dépôts adipeux.
2 mécanismes spécifiques, avec l’infection et avec le cancer : aucun des médiateurs inflammatoires connus pour induire la cachexie dans le cancer ne semble jouer un rôle important pendant l'infection. En cas d’infection, ce sont les cellules T CD8 qui déclenchent la cachexie. Les cellules T CD8 sont des cellules importantes du système immunitaire, capables de reconnaître et de tuer les cellules infectées par le virus ou les cellules cancéreuses. Pour déclencher la cachexie, les lymphocytes T CD8 attendent des signaux supplémentaires de la part de cytokines antivirales, les interférons de type I et doivent avoir reconnu le virus.
Ces travaux sur la cachexie associée à l'infection apportent à la communauté internationale des chercheurs, une nouvelle connaissance précieuse des mécanismes moléculaires en jeu. Ils vont permettre aux scientifiques de mieux comprendre comment les agents pathogènes infectieux, notamment le VIH, Mycobacterium tuberculosis ou divers parasites, provoquent la cachexie. Il restera à comparer les processus sous-jacents à la cachexie dans le contexte de l’infection et du cancer.
De nouvelles connaissances qui pourraient stimuler le développement de stratégies thérapeutiques innovantes pour alléger le fardeau de la cachexie et des maladies chroniques associées.
Source: Nature Immunology 20 May 2019 CD8+ T cells induce cachexia during chronic viral infection
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