Les adipocytes libèrent des vésicules remplies de lipides (AdExos) de la taille d'exosomes, qui deviennent une source de lipides pour les macrophages locaux. Ces particules, découvertes chez la souris, pourraient activer la fonction immunitaire et jouer un rôle dans la prévention des troubles métaboliques, révèlent ces travaux d’une équipe de l'Université Columbia, présentés dans la revue Science. Des travaux qui suggèrent que le tissu adipeux aussi, joue un rôle qui peut être bénéfique, dans la fonction immunitaire et le métabolisme.
A priori, l’obésité semble activer le système immunitaire, contribuant ainsi au diabète de type 2, à la stéatose hépatique non alcoolique et à d'autres troubles. Cependant, le tissu adipeux chez les mammifères contient non seulement des adipocytes (cellules adipeuses), mais également différents types de cellules immunitaires, notamment les macrophages. Une bonne communication entre ces types de cellules est considérée comme importante pour la santé métabolique. En montrant que les adipocytes libèrent des vésicules remplies de lipides (AdExos) qui constituent la source principale de lipides pour les macrophages résidents adipeux, cette équipe explique comment les tissus adipeux régulent la réponse immunitaire et jette les bases de développement de nouveaux traitements et de stratégies de prévention des troubles métaboliques et d'autres comorbidités de l'obésité. L’auteur principal de l’étude, le Dr Anthony Ferrante Jr., professeur de Médecine à l'Université Columbia, résume : « Ces exosomes AdExos en « faisant grossir » les cellules immunitaires semblent réguler la réponse immunitaire ».
Le tissu adipeux contient aussi de nombreuses cellules immunitaires, notamment un grand nombre de macrophages. Dans d'autres tissus, les macrophages engloutissent et détruisent les agents pathogènes. L’équipe souhaitait comprendre « ce que ces cellules immunitaires font dans la graisse ». L’équipe avait déjà découvert il y a plusieurs années que les macrophages présents dans les graisses absorbent et « digèrent » de grandes quantités de lipides et avait supposé que ces lipides provenaient des produits de dégradation des triglycérides.
Que font nos adipocytes ?
- Pour répondre aux besoins métaboliques systémiques, les adipocytes libèrent des acides gras et du glycérol par l'action de lipases (enzymes). Ils stockent les calories en excès sous forme de triglycérides, puis décomposent les triglycérides en lipides plus petits, appelés acides gras, qui sont libérés dans le sang pour répondre aux besoins énergétiques du corps.
- L’équipe décrit ici une autre voie de libération des lipides à partir des adipocytes, indépendante de la lipolyse : les adipocytes libèrent des vésicules remplies de lipides (AdExos) de la taille d'exosomes, qui deviennent une source de lipides pour les macrophages locaux. Les chercheurs constatent ainsi que chez les souris maigres, le tissu adipeux libère environ 1% de son contenu lipidique par jour via des exosomes ex vivo, chez des souris obèses ce taux fait plus que doubler. Les AdExos sont alors suffisants pour induire une différenciation in vitro de cellules précurseurs de la moelle osseuse en cellules ressemblant à des macrophages du tissu adipeux. Ainsi, la voie « AdExos » constitue à la fois une alternative de libération de lipides et un mécanisme par lequel les cellules parenchymales peuvent moduler la différenciation et la fonction des macrophages tissulaires.
Ces exosomes des adipocytes (AdExos) sont des triglycérides intacts emballés en petites particules. Ces particules chargées en lipides sont absorbées par les macrophages dans les graisses. Les macrophages décomposent rapidement les triglycérides contenus dans les AdExos et les libèrent sous forme d'acides gras, ce qui permet de réapprovisionner les cellules adipeuses en lipides frais. Ce mécanisme, déjà observé dans les os, où les ostéoclastes – un autre type de macrophage – décomposent les os en calcium et en phosphate, pour fabriquer des os frais, apparaît donc essentiel pour la santé, ici métabolique.
« Il reste à déterminer si ces particules lipidiques apparaissent également chez l'Homme et, le cas échéant, si elles contribuent aux lipides que nous mesurons dans la circulation et dans les maladies métaboliques », concluent les chercheurs.
Source: Science 01 Mar 2019 DOI: 10.1126/science.aaw2586 A lipase-independent pathway of lipid release and immune modulation by adipocytes
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