Les chercheurs du Advanced Science Research Center, GC/CUNY (New York) identifient comment, pour traiter la sclérose en plaques, les esters de l'acide fumarique (EAF) ciblent les cellules immunitaires « coupables » dans le cerveau. En décryptant leur « impact épigénétique », leur recherche, présentée dans la revue Brain, qui contribue déjà à une meilleure compréhension du développement de la maladie, pourrait mener à la mise au point de traitements novateurs, plus spécifiques et plus efficaces.
Comprendre et atténuer le rôle de l'épigénétique (influences environnementales qui déclenchent des changements dans l'expression des gènes) dans le développement de la maladie est un objectif majeur des équipes de recherche. Ici, les chercheurs newyorkais décryptent la manière dont les métabolites peuvent être utilisés pour inhiber certains mécanismes épigénétiques et traiter efficacement toute une gamme de maladies, dont la sclérose en plaques (SEP).
Le fumarate de diméthyle (Tecfidera ™) – un métabolite perméable aux cellules de la famille des esters de l'acide fumarique (EAF) – est un traitement approuvé pour la SEP et constitue un traitement efficace possible pour d'autres maladies auto-immunes. Le mécanisme précis de l'action du médicament n'est pourtant que partiellement compris. Ces scientifiques identifient un mécanisme d'action possible, ouvrant l’espoir du développement de nouvelles classes de médicaments pour le traitement de la SEP et d'autres maladies.
La sclérose en plaques se développe lorsque des changements épigénétiques poussent certaines cellules immunitaires du cerveau, ou cellules T, à se diriger vers le cerveau, vers le système nerveux central. Ici, les chercheurs ont postulé que les métabolites des EAF agissent en atténuant le développement de ces lymphocytes T à tête chercheuse dans le cerveau. L’étude est menée auprès de 97 volontaires atteints de sclérose en plaques, dont 47 naïfs de traitement, 35 traités par EAF et 16 par l'acétate de glatiramère.
Le traitement par EAF fait baisser les niveaux de lymphocytes T à tête chercheuse dans le cerveau : Des échantillons de sang ont été prélevés chez chaque participant et leurs niveaux de lymphocytes T au cerveau ont été mesurés. L’analyse constate des niveaux significativement plus bas de ces lymphocytes T à tête chercheuse dans le groupe traité par FAE vs les autres groupes de l’étude.
Les EAF modifient le paysage épigénétique des cellules T afin de réduire le développement de ces cellules T pathogènes. Plus précisément, les chercheurs constatent que les EAF exercent un effet épigénétique marqué sur une région particulière de l'ADN des cellules T, qui comprend un micro-ARN appelé MIR-21, nécessaire à la production de cellules T à tête chercheuse dans le cerveau. Pris ensemble, ces résultats suggèrent que l'effet immunomodulateur des EAF dans la SEP est au moins en partie dû à la régulation épigénétique de ces lymphocytes T spécifiques du cerveau.
Des implications pour le traitement de la sclérose en plaques, mais également pour d'autres maladies auto-immunes (psoriasis, maladies inflammatoires de l'intestin), qui impliquent le même type de cellules T. En cernant, au moins partiellement l'effet épigénétique de ces métabolites sur le système immunitaire, il sera possible de développer de nouvelles stratégies thérapeutiques pour le traitement des maladies auto-immunes.
Source: Brain 1 March 2019 DOI : 10.1093/brain/awy344 Fumarates target the metabolic-epigenetic interplay of brain-homing T cells in multiple sclerosis (Visuel Carter Eitreim)
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