Alors que la population mondiale approche les 9 milliards d'habitants, il est important de prendre en compte cette tendance : les humains grandissent, grossissent et ont besoin de plus de calories que par le passé. En synthèse, la population de demain sera plus grande, plus lourde et mangera plus. Cette étude en bio-démographie, au carrefour de la biologie et de la démographie alerte de manière originale, dans la revue Sustainability, sur la grande question de la sécurité alimentaire et la nécessité de modifier nos habitudes dans l’esprit d’un mode de vie plus responsable.
Les chercheurs de l’Université norvégienne des sciences et technologies ont adapté un modèle de systèmes dynamiques souvent utilisé en écologie industrielle pour étudier les stocks et les flux de ressources bientôt nécessaires à nourrir 9 milliards de personnes. « Il sera extrêmement difficile de nourrir 9 milliards de personnes en 2050 par rapport à la situation actuelle », résume l’auteur principal, Gibran Vita, candidate au doctorat en Ecologie industrielle.
Selon l’association WWF, le plus grand problème environnemental au monde est la destruction de l'habitat, de la faune et de la flore. Une grande partie de cette « dévastation » est liée aux besoins et aux demandes d’une population humaine à la croissance continue. Si « Zero Hunger » est le deuxième objectif de développement durable des Nations Unies, le défi va également consister à répondre à la demande croissante de produits alimentaires dans le monde.
Un humain moyen aura besoin dans l’avenir de plus de nourriture qu'aujourd'hui : c’est l’idée développée par ces chercheurs qui mettent en exergue les changements dans les habitudes alimentaires, les attitudes vis-à-vis du gaspillage alimentaire, l'augmentation de la taille et de la masse corporelle de l’adulte moyen et les tendances et transitions démographiques et culturelles.
Car sur un plan biologique, les « gens » changent : L’équipe a analysé de ce point de vue l'évolution de la population de 186 pays entre 1975 et 2014 et s’est penchée plus particulièrement sur les effets de 2 phénomènes : les humains sont devenus en moyenne plus grands et plus gros, et la population moyenne vieillit.
- Le premier phénomène contribue à l'augmentation de la demande alimentaire.
- Le second contrecarre le premier.
Ainsi, un adulte moyen en 2014 est 14% plus lourd, environ 1,3% plus grand, 6,2% plus âgé et a finalement besoin de 6,1% de plus d'énergie qu'en 1975.
La tendance devrait se maintenir dans la plupart des pays :
- un adulte moyen consommait 2.465 kilocalories par jour en 1975. En 2014, son apport calorique moyen atteint 2.615 kilocalories ;
- toujours à l'échelle mondiale, la consommation humaine a augmenté de 129% au cours de la période d’étude ;
- la croissance démographique pèse pour 116%, l’augmentation du poids et de la taille pour 15% ;
- enfin, les personnes âgées ont besoin d'un peu moins de nourriture, mais cette réduction n’est estimée qu’à 2%.
Le supplément de nourriture nécessaire correspond approximativement aux besoins alimentaires combinés de l'Indonésie et de la Scandinavie.
Il existe des différences considérables entre les pays :
- le gain de poids par personne de 1975 à 2014 varie de 6 à 33% ;
- l'augmentation des besoins en énergie de 0,9 à 16%.
- Une personne du Tonga pèse en moyenne 93 kilos. Un Vietnamien moyen 52 kilos. Cela signifie que les premiers ont besoin de 800 kilocalories de plus par jour (soit environ quatre bols de flocons d'avoine).
- Certains pays évoluent plus rapidement : aux Caraïbes, le poids moyen est passé de 62 kilos en 1975 à 82 kilos 40 ans plus tard. Les changements les plus faibles et les plus élevés se produisent en Asie et en Afrique, reflétant les disparités entre les pays de ces continents.
Cette étude rappelle ainsi les grandes tendances, sans en oublier, alors que la plupart des études précédentes n'avaient pas pris en compte la croissance en taille et en poids des individus ainsi que l’impact du vieillissement de nos sociétés. En synthèse, les besoins alimentaires d'un adulte moyen ne pourront qu’augmenter. Il est impératif de prendre en compte l’ensemble de ces facteurs pour satisfaire la demande future et prévenir l’insécurité alimentaire.
Des informations pertinentes notamment pour l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), chef de file dans la lutte contre l’insécurité alimentaire.
Source: Sustainability 2018 DOI : 10.3390/su10103683 Food Security for an Aging and Heavier Population
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