Le mal de dos peut être très handicapant au quotidien, chez les personnes âgées, il peut mener à la perte d’autonomie et au décès, souligne cette étude du Boston Medical Center. Des personnes plus jeunes vont être gênées mais s’efforcer d’accomplir les activités quotidiennes, mais les personnes âgées peuvent vouloir alors les éviter, par peur de la douleur ou de l'aggravation des symptômes. Cette incapacité au quotidien favorise la sédentarité et l’isolement, la prise de poids et le développement ou la progression de différentes maladies chroniques. Avec un risque de décès prématuré significativement augmenté, selon ces données présentées dans le Journal of General Internal Medicine.
Cette étude est la première à mesurer l’impact d’une douleur chronique au dos sur la mortalité. Le message de ces chercheurs de Boston est clair : la moitié des effets de la dorsalgie persistante chez les femmes plus âgées s’explique par l’incapacité et la perte progressive d’autonomie au quotidien. Des conséquences probablement similaires à celles d’autres douleurs articulaires et musculaires pouvant réduire l’autonomie et la mobilité du patient âgé.
Les maux de dos persistants et fréquents sont associés au décès prématuré : la démonstration est faite sur une cohorte de 8.321 femmes âgées, suivies en moyenne pendant 14 ans. Les chercheurs ont évalué le mal de dos des participantes à l’inclusion puis 2 ans plus tard. Au cours de la 4è année de suivi, les participantes ont été interrogées sur les activités courantes de la vie quotidienne. L'analyse révèle que l'invalidité associée à la sévérité de la douleur au dos explique en grande partie le lien avec la mortalité. Plus précisément,
- la difficulté à effectuer une ou plusieurs activités quotidiennes de base, comme marcher sur de courtes distances ou préparer un repas, explique près de la moitié (47%) des effets de la lombalgie chronique sur la mortalité ;
- la lenteur des performances sur des mesures plus objectives, telles que la vitesse de marche observée ou des « levées » répétitives d'une chaise, explique encore environ un quart de cette association (respectivement 27% et 24%) ;
- sur l’ensemble des participantes, 56% sont décédées après un suivi médian de 14,1 ans. Une proportion plus élevée de femmes souffrant de maux de dos persistants et fréquents sont décédées (65,8%) vs les participantes exemptes de dorsalgie (53,5%).
- Après prise en compte des facteurs de confusion possibles, chez ces femmes âgées, les maux de dos persistants et fréquents sont associés à un risque de décès accru de 24% vs l’absence de dorsalgie.
Invalidité et incapacité expliquent la majorité des effets de la dorsalgie chronique sur le risque de décès, chez le patient âgé. La douleur au dos est la principale cause d'invalidité dans le monde et les femmes âgées de 40 à 80 ans présentent la prévalence la plus élevée de douleurs au dos. Dans les études épidémiologiques, les femmes rapportent des douleurs au dos plus fréquentes et plus sévères que les hommes. L’étude est la première à montrer un lien entre le degré d’incapacité lié aux douleurs au dos et la mortalité.
Une meilleure gestion du mal de dos pourrait-elle prévenir l'invalidité, améliorer la qualité de vie et prolonger la vie ? L’auteur principal, le Dr Eric Roseen, soulève la question. Des études sur l’impact à long terme des traitements du mal de dos et des stratégies d’auto-soins de la lombalgie doivent être menées.
Mais d’ores et déjà, c’est un appel lancé aux cliniciens, d’évaluation systématique de la fonction physique des personnes âgées souffrant de maux de dos et de gestion du mal de dos basée sur des lignes directrices par des traitements peu invasifs.
Source: Journal of General Internal Medicine 22 October 2018 Association of Back Pain with All-Cause and Cause-Specific Mortality Among Older Women: a Cohort Study
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