Quelques études ont déjà suggéré le lien entre l'infection par le virus de l'Herpes simplex et un risque accru de maladie d'Alzheimer. Cette nouvelle recherche repose encore une fois la question : « Mais qu'est-ce qui cause la maladie d'Alzheimer ? ». La réponse pourrait être juste sous notre nez, répondent les chercheurs de Taïwan qui invoquent à nouveau le virus de l'herpès simplex de type 1 (VHS-1) -responsable de l'herpès labial- comme cause de la maladie d'Alzheimer. Et ce faisant, ils concluent également, dans la revue Frontiers in Ageing Neuroscience, sur l’intérêt, en prévention, des médicaments antiviraux, qui réduisent considérablement le risque de démence sénile chez les patients souffrant d'infections graves à l'herpès.
L’auteur principal, le Pr Ruth Itzhaki rappelle les nombreuses recherches qui ont déjà suggéré une responsabilité du virus de l'herpès dans le développement de certains types de démence, dont la maladie d'Alzheimer. Les virus de l'herpès restent toute la vie dans nos neurones et nos cellules immunitaires, se réactivant et refaisant surface, chez certains sujets, sous forme de vésicules caractéristiques en cas de stress ou de grande fatigue. Et la plupart des infections par le virus de l’herpès simplex 1 (VHS 1) se produisent chez des sujets d’âge avancé.
Des neurones infectés par VHS-1 dans notre cerveau : qu’advient-il de ces neurones infectés par le virus de l’herpès, lorsqu’il se réactive ? L’équipe montre ici que chez les sujets porteurs de la variante APOE-ε4, une variante du gène qui augmente le risque de maladie d'Alzheimer, ces boutons de fièvre liés à VHS 1 sont plus fréquents : « Notre théorie est que, chez les porteurs d'APOE-ε4, la réactivation est plus fréquente ou plus dommageable dans les cellules cérébrales infectées par VHS 1, ce qui entraîne une accumulation de dommages favorable au développement de la maladie d'Alzheimer ».
La preuve par l’épidémiologie : l’équipe montre, à partir de l’analyse des données de santé du registre national et à partir des résultats de 3 études récentes (2017 -2018) que le risque de développer une démence est beaucoup plus élevé chez les personnes infectées par le VHS 1 mais aussi que le traitement antiviral anti-herpès provoque une réduction spectaculaire du nombre de sujets sévèrement atteints par le VHS 1 qui développent la démence.
Le VHS 1 pourrait ainsi expliquer 50% ou plus des cas de maladie d'Alzheimer, estiment les auteurs. D’autant que de précédents travaux de la même équipe ont déjà documenté le lien qui corrobore ces données épidémiologiques : le VHS 1 provoque des dépôts de protéines caractéristiques de la maladie d'Alzheimer, ces plaques et enchevêtrements inter-neurones. On trouve également de l'ADN viral dans les plaques des tissus cérébraux post mortem des patients atteints de la maladie d'Alzheimer.
Si le lien avec des cas sévères d’infection à Herpès est donc maintenant documenté, les chercheurs souhaitent regarder les effets d’infections plus légères à VHS sur le risque de démence bien plus tard dans la vie : « Idéalement, nous étudierions les taux de démence chez les personnes ayant contracté une infection à HSV1 légère, y compris l'herpès labial (bouton de fièvre) ou l'herpès génital léger, des cas de démence beaucoup moins susceptibles d'être documentés ».
Enfin, à plus court terme, les données d’efficacité du traitement antiviral anti-herpès à réduire l’incidence de la démence chez les sujets infectés sont bien évidemment riches d’implications.
Source : Frontiers in Ageing Neuroscience 19 October 2018 DOI : 10.3389/fnagi.2018.00324 Corroboration of a Major Role for Herpes Simplex Virus Type 1 in Alzheimer’s Disease
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