En Europe, 1 personne sur 8 meurt des suites d'une maladie pulmonaire – soit environ une personne par minute. Ces maladies comprennent notamment l'asthme, le cancer du poumon et la maladie pulmonaire obstructive chronique. Dans certains pays riches, l’incidence de l’obésité dépasse les 30%. La mesure et la manière dont l’asthme peut contribuer à l'épidémie d'obésité chez les enfants constituent donc des questions importantes de santé publique. Cette large méta-analyse présentée dans l’European Respiratory Journal, de 13 cohortes européennes, menée à l’Université de Californie du Sud, confirme que l'asthme est bien un facteur majeur de vulnérabilité à l’obésité et à d’autres comorbidités plus tard dans la vie.
Ainsi, les jeunes enfants asthmatiques sont plus susceptibles de devenir obèses, au même titre que l'obésité peut être considérée comme un précurseur majeur de l'asthme chez les enfants. Alors que depuis deux décennies, les scientifiques documentent les épidémies parallèles d'asthme et d'obésité chez les enfants, la majorité des études se concentrent sur la manière dont l'obésité est un facteur de risque d'asthme. Cette analyse aborde la question dans l'autre sens en cherchant à comprendre comment l'asthme contribue à l'obésité chez les enfants.
C’est ensuite l’analyse la plus large menée à ce jour sur l'asthme précoce et l'obésité. 40 scientifiques y ont collaboré. L’étude porte sur 21.130 enfants, nés entre 1990 et 2008, dans 9 pays, dont le Danemark, la France, l'Allemagne, la Grèce, l'Italie, les Pays-Bas, l'Espagne, la Suède et le Royaume-Uni. Les enfants ont été diagnostiqués asthmatiques à l'âge de 3 à 4 ans et les scientifiques ont suivi ces tout-petits jusqu'à l'âge de 8 ans. Leur objectif était de se concentrer sur les effets de l'asthme précoce sur la santé.
Les effets de l'asthme précoce sur la santé : l’analyse montre que :
- le risque de devenir obèse est accru de 66% chez les enfants asthmatiques vs ceux exempts de diagnostic d'asthme ;
- chez les enfants présentant des symptômes persistants de respiration sifflante, le risque d’obésité s’avère accru de 50% ;
- les enfants asthmatiques même actifs sont près de 2 fois plus susceptibles de développer une obésité que ceux exempts d’asthme ou de respiration sifflante.
Des résultats cohérents par rapport à ceux des précédentes études longitudinales.
La direction causale entre l'asthme et l'obésité reste pourtant mal comprise. L'asthme est considéré comme un obstacle à l'activité physique ce qui peut conduire à l’accumulation de graisse dans le corps. Des doses plus élevées de corticostéroïdes inhalés ont également déjà été associées à une augmentation du risque d'obésité chez les enfants asthmatiques. Étant donné que l'asthme et l'obésité commencent à se développer plutôt tôt dans la vie, il est possible que l'association asthme-obésité soit également établie au cours de cette période cruciale du développement de l'enfant. Des études antérieures ont montré que certaines expositions in utero, via le régime prénatal ou l'obésité maternelle, sont également associées à un risque accru de ces deux conditions.
« Nous devons comprendre si la prévention et le traitement adéquat de l'asthme pourraient contribuer à réduire la trajectoire de l'obésité », conclu l’un des auteurs, le Dr Frank Gilliland, professeur de médecine préventive à la Keck School of Medicine (Los Angeles).
L'asthme affecte des millions d'enfants, il s'agit d'un trouble chronique de l'enfance, et s'il augmente le risque d'obésité, nous pouvons conseiller les parents et les médecins sur la manière d’intervenir de manière précoce.
Source: European Respiratory Journal Oct, 2018 DOI: 10.1183/13993003.00504-2018 Does early onset asthma increase childhood obesity risk? A pooled analysis of 16 European cohorts
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