Ce premier essai randomisé sur une approche « kick and kill » pour éliminer le VIH laisse quelques déceptions mais documente les promesses d’une toute nouvelle stratégie visant à « faire sortir » de ses réservoirs les virus latents afin de pouvoir ensuite totalement les éliminer. Ces premiers résultats, encourageants, de l’essai RIVER viennent d’être présentés à la 22è International AIDS Conference (AIDS 2018) à Amsterdam.
Même en cas de charge virale indétectable, les patients séropositifs sous traitement antirétroviral (TARV) ne sont pas guéris. S'ils arrêtent de prendre leur traitement, le virus sort de « ses cachettes » appelées « réservoirs ». C’est ce qui a déjà motivé plusieurs équipes à tenter de cibler ces réservoirs, de contraindre le VIH à en sortir pour pouvoir le tuer.
Les chercheurs du Collège Impérial de Londres, des universités d'Oxford et de Cambridge, ont mené cet essai RIVER, de 2015 à 2018 à Londres et à Brighton, chez 60 hommes récemment diagnostiqués séropositifs et sous contrôle par traitement antirétroviral (TARV). Pour tester la stratégie en question, les chercheurs ont utilisé 2 médicaments en plus du traitement standard TARV. Premièrement, 2 vaccins pour entraîner le système immunitaire du corps à reconnaître et à détruire le VIH, et deuxièmement, un médicament appelé vorinostat (également utilisé dans le traitement du cancer) pour réveiller les cellules du réservoir dans lesquelles se cache le VIH et forcer le virus à se découvrir et faire face au système immunitaire.
- Kick, le coup de pied est délivré par le vorinostat,
- Kill, la mort est donnée par les cellules tueuses du système immunitaire entraînées par les vaccins.
Grosse déception ! Les chercheurs n’identifient aucune différence d'effet entre la stratégie kick and kill et le TARV standard. Précisément, les participants du groupe kick and kill présentent des niveaux similaires de cellules réservoirs infectées vs les participants sous TARV seul. Cependant, dans leurs conclusions, les chercheurs suggèrent que ces travaux ouvrent la voie à d’autres essais sur différentes combinaisons de thérapies pour lutter contre le VIH persistant chez les patients sous TARV. Enfin, c’est quand bien même une manifestation des efforts entrepris pour faire mieux que les thérapies actuelles qui doivent être prises à vie.
L’auteur principal et meneur de l’essai RIVER, le professeur Sarah Fidler de l’Imperial College London conclut, de manière positive : « Dans cet essai, nous constatons que tous les process de l'approche kick and kill fonctionnent comme prévu et sont sans danger pour le patient :
- le vaccin agit bien sur le système immunitaire,
- le médicament « kick » entraîne l’effet prévu,
- et le TARV travaille toujours à supprimer la charge virale dans le corps.
- Cependant la combinaison des 3 ne constitue pas une thérapie possible contre le VIH.
« Une bataille perdue, pas la guerre ! « Nous devons travailler à développer d'autres alternatives durables, générer de nouvelles idées et les transformer en essais qui donneront des résultats significatifs. C’est ce que RIVER a réalisé mais sans aboutir à traitement définitif possible contre le VIH. Pour le moment ».
Source: AIDS2018 24 July, 2018 Abstract TUAA0202LB A randomised controlled trial comparing the impact of antiretroviral therapy (ART) with a 'Kick-and-Kill' approach to ART alone on HIV reservoirs in individuals with primary HIV infection (PHI); RIVER trial et Imperial College London Trial of ‘kick and kill’ approach to HIV cure leaves puzzles to be solved
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