Les chercheurs de de la Temple University (Philadelphie) parviennent ici à inverser les troubles cognitifs chez des souris modèles de démence et de tauopathie. Alors qu’inverser le déficit cognitif et les déficiences dans l'apprentissage spatial est un objectif majeur dans le domaine de la recherche sur la démence humaine, ces travaux apportent un nouvel éclairage sur les voies cellulaires critiques impliquées dans développement de la démence. Les chercheurs montrent, en effet, pour la première fois, sur un modèle animal, que la pathologie tau, le deuxième type de lésion cérébrale chez les patients atteints de la maladie d'Alzheimer peut être inversée par un médicament.
Selon ces travaux, « il serait donc peut-être possible d’intervenir après « l’installation » de la maladie et sauver par thérapie médicamenteuse des souris voire des humains présentant déjà des déficits de mémoire induits par la protéine tau », explique l’auteur principal, le Dr Domenico Praticò, directeur du Centre Alzheimer de la Temple.
L’équipe découvre ici que les molécules inflammatoires connues sous le nom de leucotriènes sont dérégulées dans la maladie d'Alzheimer et les démences apparentées. Via des expériences sur l’animal, l’équipe identifie la voie des leucotriènes comme une voie clé dans les derniers stades de la maladie : au début de la démence, les leucotriènes tentent de protéger les cellules nerveuses, mais à long terme, ils causent des dommages. En les bloquant, il serait donc possible d’inverser ces dommages et peut-être « réparer la mémoire » en cas de pathologie tau pré-existante.
Inverser le déficit de mémoire chez la souris : des souris transgéniques modèles de tauopathie, présentant des agrégats neurofibrillaires et des synapses perturbées, âgées de 12 mois soit l'équivalent de 60 ans chez l'homme, traitées avec du zileuton, un médicament qui inhibe la formation de leucotriènes, obtiennent, après 16 semaines de traitement des scores très améliorés au test du labyrinthe. Cette performance améliorée suggère une inversion du déficit de mémoire. Chez ces souris traitées, sont constatés :
- une réduction de 90% des leucotriènes par rapport aux souris non traitées,
- des taux de tau phosphorylée et insoluble, la forme de la protéine qui est connue pour endommager directement les synapses, inférieurs de 50% ;
- une meilleure intégrité des synapses ;
- une disparition complète de l'inflammation : la thérapie a stoppé les processus inflammatoires dans le cerveau, permettant d’inverser les dommages liés à tau.
Le zileuton, un médicament déjà approuvé par la Food and Drug Administration pour le traitement de l'asthme semble donc efficace contre les leucotriènes présents dans le cerveau, comme dans les poumons. C'est donc un vieux médicament pour une nouvelle indication qui pourrait changer la donne.
Sous réserve de confirmation par de nouvelles recherches, il ouvre donc un espoir pour les patients humains atteints de la maladie d'Alzheimer. »
Source: Molecular Neurobiology 7 June 2018 Learning Impairments, Memory Deficits, and Neuropathology in Aged Tau Transgenic Mice Are Dependent on Leukotrienes Biosynthesis: Role of the cdk5 Kinase Pathway
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