Deux suppléments en fer courants augmentent la formation et les niveaux d'un biomarqueur connu de cancer du côlon, révèle cette étude de l'Université Chalmers (Suède). Il s’agit du citrate ferrique et de l'EDTA ferrique (Fe EDTA) souvent utilisés dans les compléments mais aussi comme additifs alimentaires, notamment en Europe et aux Etats-Unis. Ces nouvelles données présentées dans la revue Oncotarget incitent à prêter attention à sa supplémentation et a minima, engagent à de plus larges recherches.
On ajoute en effet du fer à certains aliments, pour lutter contre la carence en fer. L'EDTA ferrique est ainsi approuvé en tant qu'agent alimentaire aux États-Unis et dans l'UE. Dans d’autres pays, en voie de développement, le composé est ajouté à la farine et aux boissons en poudre. En outre, il est présent dans certains médicaments pour les enfants ayant de faibles niveaux en fer, y compris en France. Les deux composés, citrate ferrique et de l'EDTA ferrique, ont déjà été documentés comme facteurs de formation de tumeurs chez les souris modèles de cancer du côlon. Le mécanisme sous-jacent reste mal compris et aucune étude in vitro, sur des cellules humaines n’a encore été menée.
L’étude menée par les chercheurs suédois en collaboration avec des collègues de l’UK Medical Research Council et de l'Université de Cambridge, a examiné l'effet de doses supplémentaires de ces composés sur 2 types de cellules humaines de cancer du côlon. Les chercheurs ont également mesuré les effets d’un autre composé présent dans certains compléments, le sulfate ferreux. Si ce dernier n’induit aucun effet, le citrate ferrique et l'EDTA ferrique entraînent une augmentation significative des taux cellulaires d'amphiréguline, un biomarqueur du cancer. Et c’est le cas même à faibles doses.
Le citrate ferrique et l'EDTA ferrique pourraient être cancérigènes, commentent les chercheurs, car ils augmentent tous deux la formation d'amphiréguline, un marqueur bien connu du cancer et souvent associé à un cancer de longue durée de mauvais pronostic, ajoute Nathalie Scheers, professeur à Chalmers University et auteur principal de l'étude.
De nombreux types de suppléments en fer : il existe une multitude de compléments alimentaires contenant « du fer », basés sur 20 composés différents et commercialisés sous de nombreuses marques. Le sulfate ferrique est l'un des composés les plus fréquemment utilisés, mais le citrate de fer, également largement disponible, est réputé plus doux pour l'estomac et est plus facilement absorbé par le corps à travers des aliments tels que le pain aux céréales, les haricots et les noix. De nombreux compléments ne précisent pas le type de composé utilisé et cela pose problème aux usagers de santé.
Les chercheurs recommandent ici, en tant que « conseil personnel » dans leur communiqué, d'éviter le citrate ferrique, en cas de besoin de supplémentation en fer. Cependant, ajoutent-ils, la recherche dans ce domaine est très limitée, même en ce qui concerne le sulfate ferreux, le composé le plus commun. L'élément clé pour elle est que nous commençons à différencier les différentes formes de fer.
Nous devons considérer que différentes formes peuvent avoir des effets biologiques différents, concluent les chercheurs, et la plus grande partie du fer dont le corps a besoin devrait provenir de l’alimentation, dont la viande, le poisson, les légumes, les fruits, etc…
Source : Oncotarget 2018 DOI: 10.18632/oncotarget.24899 Ferric citrate and ferric EDTA but not ferrous sulfate drive amphiregulin-mediated activation of the MAP kinase ERK in gut epithelial cancer cells
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