Un jeune adulte sur 7 éprouve des symptômes psychotiques, mais seulement 1% développera un trouble psychotique chronique comme la schizophrénie. Comment « repérer » suffisamment tôt ce 1% de jeunes patients réellement à risque ? Le pliage du cerveau recèle peut-être la solution, il apporte en effet à ces scientifiques de l’Université de Western Ontario suffisamment d’indices pour prédire la psychose. En utilisant des images du cerveau et en analysant le pliage de sa surface externe, les chercheurs sont capables de détecter les patients à risque élevé de psychose avec une précision de plus de 80%. Un véritable marqueur du risque psychotique, qui répond à un vrai besoin, en particulier chez les jeunes adultes avant même l’apparition des premiers symptômes.
Cette équipe internationale composée de scientifiques de l’Ontario et de l'Université de Bâle propose une nouvelle approche de détection par imagerie par résonance magnétique (IRM) avec l’objectif à terme de pouvoir traiter les patients de manière précoce avant même le développement de la maladie. « En effet, de nombreuses interventions peuvent être efficaces pour traiter la psychose à condition d’être initiées suffisamment tôt », explique le Dr Lena Palaniyappan, professeur agrégée à l'Université Western Ontario. Aujourd’hui, il n'existe en effet aucun outil ou échelle, permettant aux cliniciens de déterminer quels patients sont à risque de développer une psychose.
L’équipe a collecté ces données d’imagerie auprès de 161 participants, dont 44 témoins en bonne santé, 38 patients ayant présenté un premier épisode de psychose (symptômes d’hallucinations ou délires) et 79 patients présentant un risque accru de psychose. Ces participants ont été suivis durant 4 ans afin d’identifier ceux qui développeraient des troubles psychotiques comme la schizophrénie.
Du modèle de gyrus à la transition psychotique : les chercheurs ont examiné spécifiquement le pliage du cerveau ou « gyrification ». Le cerveau humain a la particularité d’être beaucoup « plus plissé » que le cerveau d'autres espèces, les gyrus constituant un moyen plus économique d'envoyer des signaux, expliquent les chercheurs. Ils constatent alors que les patients qui vont développer plus tard une psychose présentent des modèles de gyrification spécifiques, qualifiés de « désorganisés » même au stade du risque élevé encore asymptomatique. Les mesures du réseau de gyrification permettent, écrivent les scientifiques, de prédire une « transition psychotique » avec plus de 80% de précision.
Des résultats qui suggèrent que la maladie psychotique serait plus développementale que dégénérative. « Les processus développementaux sont de plus en plus reconnus comme étant cruciaux dans le développement des psychoses », concluent les chercheurs.
Source: JAMA Psychiatry April 25, 2018 doi:10.1001/jamapsychiatry.2018.0391 Disorganized Gyrification Network Properties During the Transition to Psychosis
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