La relaxation est-elle vraiment efficace contre l’hypertension ? La réponse à la relaxation peut en effet réduire la tension artérielle et cela en modifiant l'expression d'un ensemble de gènes, démontre cette équipe du Centre médical Beth Israel Deaconess (Boston). En identifiant les voies biologiques liées également à la régulation immunitaire, au métabolisme et au rythme circadien chez des patients ayant réduit leur hypertension après une formation en relaxation, ces travaux, présentés dans le Journal of Alternative and Complementary Medicine apportent la preuve incontestable de l’efficacité de la relaxation contre la tension, mais chez certains sujets « répondeurs » seulement.
L'hypertension artérielle (HTA) est un facteur de risque majeur de crise cardiaque et d'accident vasculaire cérébral. Elle concerne environ 1 milliard de personnes dans le monde. Des dizaines d’années de recherche ont suggéré que la relaxation, via des pratiques comme le yoga ou la méditation peut permettre de réduire la tension artérielle chez certains hypertendus. Cette étude décrypte les mécanismes par lesquels ces interventions agissent sur le corps pour abaisser la pression artérielle.
Les chercheurs de Boston parviennent en effet à identifier des gènes associés à la réponse du corps aux techniques de relaxation et les mécanismes moléculaires par lesquels ces interventions abaissent la tension artérielle. Alors que traditionnellement, l'hypertension est traitée par un traitement pharmacologique, certains patients en éprouvent des effets secondaires et il existe donc pour ces patients un besoin important d’options alternatives : cette étude documente comment la relaxation peut être efficace à abaisser la pression artérielle.
L’étude est la première à tester ce type d’intervention « corps-esprit » auprès d’un groupe de patients atteints d’hypertension. Certains chercheurs de la même équipe avaient déjà montré que la réponse de relaxation est caractérisée par un ensemble de changements mesurables du corps, dont la diminution du rythme respiratoire et de la fréquence cardiaque. De plus, sa pratique à long terme a été associée à une augmentation de l'épaisseur du cortex cérébral et à des changements spécifiques dans l'expression des gènes. Cette étude est menée auprès de 58 participants souffrant d'hypertension artérielle de stade 1 (tension artérielle systolique (supérieure) entre 140-159 mm Hg et diastolique (nombre inférieur) entre 90-104 mm Hg), ne prenant pas de médicaments pour contrôler leur pression artérielle ou les avaient éliminés pendant cinq semaines avant le début de l'étude. Les participants ont rempli des questionnaires standardisés sur le stress, la dépression et l'anxiété. Durant 8 semaines, les participants ont suivi 8 séances d'entraînement hebdomadaires à la relaxation et ont également reçu un CD audio de soutien à la pratique à domicile.
Environ 60% des patients hypertendus « répondent » à la relaxation : après 8 semaines de formation, les patients ont rempli à nouveau les questionnaires sur le stress, la dépression et l'anxiété et des prélèvements sanguins ont été analysés pour certaines données d'expression génique et marqueurs de la tension artérielle. L’analyse montre que :
- 13 des 24 participants ayant terminé l'intervention bénéficient bien d’une naisse significative de la pression artérielle ;
- les patients présentant une réduction suffisamment importante de la tension artérielle systolique et diastolique pour ne plus entrer dans le diagnostic d’hypertension de stade I – ont été classés comme « répondeurs » ;
- les analyses d'expression génétique comparant les échantillons sanguins des groupes répondeurs et non-répondeurs, révèlent des changements spécifiques d'expression génique chez les répondeurs non observés chez les non-répondeurs : ainsi, chez les répondeurs, l'expression de 1.771 gènes diffère entre les tests sanguins à l’inclusion et après l’intervention de relaxation ;
- chez ces répondeurs, la réduction de la tension artérielle s’avère corrélée avec des gènes liés aux voies de régulation immunitaire, au métabolisme et au métabolisme du glucose, au développement du système cardiovasculaire et au rythme circadien ;
- enfin, plusieurs molécules, en particulier des gènes liés au système immunitaire, s’avèrent critiques pour la réduction de la pression artérielle.
La relaxation permet donc de réduire la pression artérielle, au moins partiellement, en modifiant l'expression de certains gènes dans un ensemble de voies biologiques et ces changements s’avèrent compatibles avec les changements des marqueurs inflammatoires que l'on pourrait espérer observer chez les patients traités avec succès pour leur hypertension.
Source : Journal of Alternative and Complementary Medicine 4 Apr 2018 DOI: 10.1089/acm.2017.0053 Specific Transcriptome Changes Associated with Blood Pressure Reduction in Hypertensive Patients After Relaxation Response Training
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